ALLEGAEON: LE SUBLIME COMME EXUTOIRE

Joe

Journaliste metal depuis 25 ans. Boss de Loud tv

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Date de publication : 03/03/2022

Mots-clés : Chroniques, Clips

Note de la rédaction :

 5/5

LA COLERE PURIFIAIT, MAIS SANS EXUTOIRE, ELLE DEVENAIT VITE UN POISON. ALEXIS LECAYE.

LA LIBERATION ARTISTIQUE

LA NOUVELLE GENERATION

ALLEGAEON fait partie de cette nouvelle génération du Death Metal américain (SHADOW OF INTENT, LORNA SHORE, RIVERS OF NIHIL…) et donc mondiale au très fort potentiel. Un ouragan ténébreux et bestial à la fougueuse et émotionnelle jeunesse, qui depuis déjà plus d’une décennie surclasse globalement la concurrence avec une facilité déconcertante.

La batterie de JEFF SLATZMAN, tout aussi technique qu’elle peut-être sobre

Projets à la complexité technique et artistique ahurissante, n’hésitant pas à nous dévoiler son attachement viscéral pour la scène metal progressif. Une créativité exacerbée n’ayant pas qu’un seul et unique but démonstratif et violent. Mais plutôt porteuse en son sein d’une vocation à faire vivre un concept par un enrichissement musical et mélodique très fort et personnel.

Des compositions denses asservissant la virtuosité à son profit afin d’obtenir les œuvres les plus somptueuses qui soient. Ambivalence parfaitement assumait et maîtrisait par ALLEGAEON, notamment sur ses deux dernières réalisations, PROPONENT FOR SENTIENCE (2016) et APOPTOSIS (2019) qui malgré leur complexité apparente, dissimulaient une foule de sentiments, sensibilité parfois à fleur de peau, égérie d’une certaine accessibilité musicale.

DAMNUM

DAMNUM, nouvel album d’ALLEGAEON signifie perte en latin, une œuvre illuminant la conscience du groupe, déclic le libérant totalement moralement et artistiquement, exutoire brisant les chaînes de ses malheurs et vieux démons. De pertes, ALLEGAEON gagne en créativité, autant sur le plan de la sincérité que de l’émotion.

Bouleversés les membres le furent très souvent ces deux dernières années, comme ce fut le cas pour le processus de conception de DAMNUM, contraint à écrire ses pages différemment, menacé qu’il fut par les confinements successifs et l’acharnement de ce satané virus sur le monde.

Par conséquent, ALLEGAEON s’obligea à penser différemment. Effectivement, depuis toujours le concept d’écriture et les méthodes de composition, impliquaient principalement le guitariste GREG BURGESS, bien aidé en cela par son acolyte MICHAEL STANCEL depuis ses débuts dans ALLEGAEON en 2013.

Mais pour la première fois l’entité américaine put profiter de la créativité de tous ses membres qui furent totalement impliqués dans le processus d’élaboration de DAMNUN.

LA REMISE EN QUESTION

ALLEGAEON a su tirer parti d’un mode impératif pour se remettre en question afin de ne pas stagner et faire évoluer son art vers plus de lumière. L’idée fit son chemin, et DAMNUM prit corps pas en pas dans l’élan de nouvelles perspectives. Pas de celles qui font table rase du passé, DAMNUM ne reniant aucunement ses ainés, ni la direction musicale qui l’on conduit jusqu’à nous. ALLEGAEON avec DAMNUM élargit simplement (encore plus) son lexique musical et son champs d’action.

Une nouvelle œuvre intronisé (« Bastards Of The Earth ») sur la pointe des pieds, avec grâce et légèreté sur des accords de guitare classique. Un prélude doux, tranchant avec le déferlement de guitare vengeresses qui s’en suit. Animalité tout aussi cathartique que technique, où ALLEGAEON fait étalage de sa grande efficacité sans nous chambouler.

LA VOIX DE DAMNUM

Le chant stratosphérique et possédé de RILEY MCSHANE

DAMNUM se laissant aller à la domination sans partage de sa voix (RILEY MACSHANE), capable de tout, en toute chose. Explorant différents registres avec une mécanique d’excellence et de précision, parfaitement rodée à toutes les forces émotionnelles soumis à son encontre sur cette nouvelle œuvre. Rutilante tristesse, mélancolique (« l’instrumental acoustique « In Mourning »), ou colérique qui impressionne fortement par son débit (« Blight », « The Dopamine Void, Pt. II »), ou sur « Saturnine » où son spectre témoigne de toutes les prouesses possibles dont sont capables de nous offrir ses instrumentistes.

FORT DE DEUX VISAGES

Comme toujours un ALLEGAEON fort de deux visages, l’un au versant rugueux, rapide, incisif et très accrocheur (le sublime « Only Loss » qui sur son refrain nous convoquera chez DEVIN TOWNSEND), le single école suédoise « Of Beasts And Worms »), jumelé aux multiples richesses de son alter égo, aux pièces d’orfèvrerie (« To Carry My Grief Through Torpor And Silence », « le très OPETHIEN « Called Home ») dont la délectation confère un goût long en bouche. Richesses et raffinement qui se distinguent même sur l’esthétisme d’un artwork énigmatique, art graphique touché du doigt de *DAVE MCKEAN.

Les précédentes réalisations des américains avaient fait volé déjà en éclats le carcan dans lequel ALLEGAEON aurait pu s’enfermer, mais DAMNUM se joue bien d’avantage des restrictions que peut éventuellement imposer le style. Certes, il a toujours fait planer sur sa musique des expériences plus progressives, abordant déjà quelques pas chauds de CANTE JONDO (flamenco) auparavant comme c’est le cas aussi sur la magnifique transition qu’est « To Carry My Grief Through Torpor and Silence », tout en repoussant encore ses limites aujourd’hui.

UN RILEY MCSHANE ETONNEMENT VARIE ET SUBTIL

Une évidence mise au service d’un chant clair que discrètement mis en valeur jusqu’à présent. Un RILEY MCSHANE étonnement varié, subtil, et impactant tant en chant clair que growlé, ou hurlé d’ailleurs. Sur DAMNUM son organe vocal tapissé de limpidité n’hésite plus à se déployer et même à s’envoler dans différents registres, les alternants mêmes à sa guise avec stupéfaction comme sur « Of Beasts And Worms » dont l’énergie dévastatrice nous remémore certains prouesses d’un BJORN STRID (SOILWORK). Un chant clair qui n’est pas sans rappeler également un JAMES LABRIE (DREAM THEATER) très énervé.

Explorant également d’autres pistes plus profondes, graves et sépulcrales, très proche de son aîné scandinave MIKAEL AKERFELDT (« Called Home ») ou tout en fragilité et subtilité sur la ballade « The Dopamine Void, Pt. I ». Tout en jeu vocal que MCSHANE, tel un acteur de théâtre va puiser aux tréfonds de ses capacités pour illustrer aux mieux les paroles retentissantes de ce DAMNUM. Il en vient même à céder aux sirènes des accroches scandinaves, notamment suédoises avec un growl d’école sur « Vermin ».

ALLEGAEON SE DESINHIBE

Comme son chanteur, ALLEGAEON se désinhibe, se met complètement à nu désormais, repoussant la peur qui l’animait face aux méandres d’un DEATH plus mélancolique et moins extrême. Libération artistique bien incarné au cœur de DAMNUM avec plusieurs titres (« Blight » et ses envolées pianistiques, « The Dopamine Void Pt. 1 », « The Dopamine Void Pt. 2 » qui s’opposent et s’affrontent), dont un « Called Home » mémorable.

Oui, fameuse singularité éprouvée dans l’âme de nos hommes (« Called Home »), éveillant les souvenirs les plus pénibles de suicides d’amis proches (de RILEY MACSHANE et GREG BRUGESS). ALLEGAEON s’y couvre d’un mouvement inédit, pleurant son désespoir dans une lente et pogressive détresse aux accents suédois, (preuve de ce qu’a apporté la singularité du metal OPETHIEN), où la voix de RILEY est criante de sincérité.

DAMNUM SUBLIME L’ART D’ALLEGAEON

La basse, une des composantes de la virtuosité d’ALLEGAEON

Voilà comment DAMNUM sublime l’art d’ALLEGAEON, lui offrant l’exutoire le plus beau qu’on puisse rêver. Equilibrant puissance et sensibilité à la perfection, libérant les forces les plus cachés et obscurs à la lumière du jour et du son. Le cœur de ce titan, bat plus fortement que jamais, pour ceux qui ne seront jamais oubliés. Les deux parties ne faisant plus qu’un aujourd’hui. L’osmose de l’au-delà et du monde des vivants, plaçant tous les curseurs au plus haut, l’alliance qui fait forcément de DAMNIUM un inoubliable!

NOUS VIVONS DANS UN UNIVERS MORNE, OU L’IMAGINATION EST LE SEUL EXUTOIRE. SARA SIDAOUI.

LINE-UP:

GREG BURGESS (GUITARE / Cryogen, Organosyde, WretchedPain, Nuclear Power Trio),

MICHAEL STANCEL (GUITARE / Artemesis),

RILEY MACSHANE (CHANT / Continuum, Son Of Aurelius, ex-Smaragos, ex-Inanimate Existence)

BRANDON MICHAEL (BASSE / ex-Alighieri, FunkyTim & The Merlots, Peasant Hands)

JEFF SLATZMAN (BATTERIE / Aversed, Unflesh, ex-Solium Fatalis)

TRACKLIST:

01. Bastards Of The Earth
02. Of Beasts And Worms
03. Into Embers
04. To Carry My Grief Through Torpor And Silence
05. Vermin
06. Called Home
07. Blight
08. The Dopamine Void Pt. 1
09. The Dopamine Void Pt. 2
10. Saturnine
11. In Mourning
12. Only Loss

DISCOGRAPHIE:

2008 : Allegaeon (EP) (2008)
2010 : Fragments Of Form And Function (2010)
2012 : Formshifter (2012)
2014 : Elements Of The Infinite (2014)
2016 : Proponent For Sentience (2016)
2019 : Apoptosis (2019)

2022 : DAMNUM (2022)

Artwork du nouvel album DAMNUM du groupe américain ALLEGAEON

PRODUCTION:

L’album a de nouveau été produit par DAVE OTERO au studio FLATLINE AUDIO.

ARTWORK:

*Un travail très mystérieux de DAVE MCKEAN illustrant les tragédies dont parle DAMNUM.

DAVID TENCH MCKEAN

DAVID TENCH MCKEAN est un artiste britannique à multiples facettes. Il est à la fois illustrateur, photographe, graphiste, dessinateur de comics, réalisateur et musicien. Son travail pictural est un mélange de dessin, de peinture, de photographie, de collage, d’infographie et de sculpture.

TOURNEE:

Dates francophones de la tournée Faces Of Death pour 2022 :
14/11 – @Kiff, Aarau, CH
02/12 – @Gibus, Paris, FR
03/12 – @De Klinker Club, Aarschot, BE

Tournée nord américaine qui vient de débuter

SORTIE/LABEL:

Le groupe de death metal technique et progressif américain ALLEGAEON a sorti son nouvel album, intitulé DAMNUM, le 25 février 2022 via METAL BLADE RECORDS.