Fantastique Amorphis
Comment démarrer une nouvelle histoire avec Amorphis sans parler de ma rencontre avec ce groupe ô combien fabuleux ? Cela fait exactement 26 ans que je suis tombé sous le charme des finlandais. Il est difficile pour moi d’oublier ce moment. Nous sommes en 1996, je suis un jeune lycéen plein de fougue baignant dans les univers de nos classiques Metallica, Pantera, Slayer, et j’en passe. Je me rappellerais toujours ce matin où l’un de mes camarades de classe vient vers moi avec 2 cassettes enregistrées. Il me les donne en me disant que son frère avait trouvé ça sur le comptoir d’un troquet. Et comme ce n’est pas son univers musical, c’est cadeau. Sur la première K7 est inscrit : OBITUARY. Il s’agira de l’album World Demise sorti en 1994. Sur l’autre K7 est inscrit : AMORPHIS. Ce sera l’incroyable album Tales From The Thousand Lakes. Autant dire que les deux groupes n’ont strictement rien à voir, mais je suis tombé amoureux de ces deux groupes le même jour. Alors forcément lorsque l’on me parle d’un nouvel album d’Amorphis, cela agit sur moi comme une madeleine de Proust.
Entre Ombre et Lumière
Alors la première des choses sur laquelle je m’attarde lorsque je découvre Halo, c’est la pochette. Oublié, le temps de la pochette de Tales From The Thousand Lakes, avec le logo de l’époque. Depuis de nombreuses années, Amorphis propose des artworks qui font un peu plus appel à notre imaginaire. Halo nous cueille visuellement avec cette dualité ombre et lumière. Cela annonce une aventure musicale pleine de rebondissements. J’y vois d’un côté une face très structurée du jour, et une part plus émotionnelle de la nuit, avec chaque partie séduisant l’autre.
D’ailleurs, cet artwork relie l’histoire de nos finlandais à la France puisque c’est Metastazis, basé à Paris qui est à l’origine de cette pépite artistique.
Une merveille d’écriture
Si les compositions sont l’oeuvre de nos 6 musiciens, rappelons que les textes d’Halo sont écrits par Pekka Kainulainen. Mais qui est il ? Eh ben Maryse, il s’agit d’un artiste, poète (le premier qui dit pouet pouet sort de suite). Alors, ça fait longtemps que notre cher poète collabore avec Amorphis, et son travail consiste à s’inspirer des compositions pour les retranscrire à la manière d’un Kalevala. Ah oui…. Qu’est ce qu’un Kalevala ? Le Kalevala est une sorte de patchwork, obtenu par l’assemblage de poèmes populaires authentiques recueillis entre 1834 et 1847 dans les campagnes finlandaises, notamment en Carélie. Et on dit merci Google.
Mais bien sur, rien ne serait sans le travail prodigieux de Jens Bogren aux manettes. Si vous ne connaissez pas la bête, je vous invite à consulter le catalogue de ses réalisations. Je pense que je n’aurais pas assez d’une année pour parler de son travail tant ses collaborations sont colossales. Alors à la volée je vous en cite quelques unes : Kreator, Soilwork, Leprous, Katatonia, Symphony X, Paradise Lost, Opeth…… Et on peut continuer très longtemps comme ça.
Pénétrons dans la lumière
Tout démarre avec Northwards avec une introduction paisible donnant cette impression de drakkar avançant dans la brume scandinave. Les premières notes raisonnent et l’on rejoint l’embarcation. Ce qui tout de suite frappe, c’est la sonorité déjà bien plus grave et lourde que les précédentes productions. Alors, il y a une continuité avec Under The Red Cloud et Queen Of Time. Mais, passé ce temps un peu trop gentillet de la décennie passée. Rien qu’en un titre, Amorphis nous fait déja passer par tous les états. La composition est très heavy avec ses passages super doux saupoudrés d’orgue. C’est toujours difficile de retranscrire comme cela ce qu’il se passe, car Amorphis nous ballade littéralement.
Et On The Dark Waters ou même War ne transigeront pas à la règle avec ses variations inspirées de l’Orient, mais aussi ses envolées orchestrales. Mais que dire de la performance vocale de Tomi Joutsen ? Le Finlandais est doté d’une technique incroyable, variant les growls et les parties claires. Et on ne l’dit pas assez : Tomi Joutsen est un p****n de chanteur.
Plongés dans l’aventure
Ce qui caractérise Halo, c’est cette capacité à nous tenir à bras le corps. En effet, l’ensemble des titres constitue une véritable épopée fantastique et poétique. Rappelez vous le Kalevala. Chaque mouvement, chaque note atteint son zénith. On notera l’importance des percussions apportées sur Windmane. Le côté très guerrier de A New Land nous basculera dans le côté sombre de la chevauchée. Les guitares de Esa Holopainen et Tomi Koivusaari sont soutenues dans une harmonie parfaite avec les claviers de Santeri Kallio. Soulignons d’ailleurs que celui ci panache à merveille ses sonorités qui nous emmènent tantôt vers les profondeurs, tantôt vers une atmosphère plus aérienne. Des titre comme Seven Roads Come Together et The Wolf en sont le parfait exemple. Le tout se conclue dans un bain de brume apaisant avec My Name Is Night dans la pénombre.
Un chef d’oeuvre venu du Nord
J’attendais cet album avec impatience, et autant vous dire que je ne suis pas déçu. Plutôt que de le formuler à la négative, je préfère dire qu’il m’a émerveillé et botté les fesses. Une fois de plus, je me retrouve avec un groupe capable de faire vivre une aventure musicale mouvementée sans avoir besoin de plaquer 20 fois le même accord pendant 2 minutes sur des titres interminables. Amorphis est un groupe qui frise le génie de composition et de performance musicale, tant instrumentale que vocale. J’ai une affection particulière pour le titre War que je trouve d’une puissance émotionnelle incroyable. Amorphis signe avec Halo l’un des albums incontournables de l’année.
Sortie le 11 février
https://www.facebook.com/amorphis
https://www.facebook.com/metastazisparis
https://metastazis.bigcartel.com/
https://www.loudtv.net/clip/amorphistout-sur-son-quatorzieme-album-halo/