"LE TALENT ECLOT SUR LA CENDRE D’UNE LONGUE PATIENCE" (JEAN VAUTRIN).
La carrière des suédois est pour le moins atypique. Formé en 1988 à STOCKHOLM (Suède), ils n’enregistreront leur premier disque qu’en 2015 (IN THE SHADOW OF THE INVERTED CROSS), vingt-cinq ans après deux démos devenues désormais légendaires. ANNO 1503 (01 juin 1989), suivi en 1992 de la seconde, THE INQUISITION qui, malgré l’accueil positif reçu, scelleront le départ de JOHNNY HAGEL (Basse et gardien du son SORCERER) pour TIAMAT et donc la fin de SORCERER. Pendant qu’une base solide de fans se construisit dans l’underground autour de l’amour de ces deux démos, JOHNNY HAGEL et ANDERS ENGBERG (Chant, arrivé en 1989) purent acquérir de nouvelles et riches expériences musicales leur permettant d’enrichir leur savoir-faire, gagnant aussi énormément en maturité. L’un chez TIAMAT et l’autre posant ses lignes de chant sur l’ancêtre de BEYOND TWILIGHT, TWILIGHT (Danemark), dont le chef d’orchestre n’était autre que le génie danois FINN ZIERLER (piano, claviers, compositions), sans oublier ses collaborations avec LION’S SHARE et l’immense THERION, qu'il accompagna sur scène pendant près de deux ans.
En 2010, un homme providentiel du nom de OLIVIEL WEINSHEIMER du HAMMER Of DOOM FESTIVAL (festival en allemagne) et fan absolu des vieilles démos, contacta Johnny pour qu’il réunisse de nouveau le groupe pour l’occasion, avec l’emblématique ANDERS ENGBERG. La seule condition émise par la voix de SORCERER : des nouveaux musiciens de grande qualité pour se joindre au duo. Ce fut fait avec notamment l’arrivée de KRISTIAN NIEMANN (DEMONID, EX: THERION, lead guitare), qui avait déjà joué avec ANDERS dans THERION, qui lui même amena OLA ENGLUND (FEARED, THE HAUNTED, ex: SIX FEET UNDER ). Deux mois plus tard, le groupe joua également à ATHENES (GRECE), et à chaque fois la réaction du public fut fantastique, pleine d’émotions. Les gens étaient ivres de bonheur, chantant à tue-tête les paroles du groupe qu’ils connaissaient par cœur. L’évidence se fit entendre, SORCERER était toujours dans le cœur du peuple, et il fallait y répondre vite et favorablement. La reformation fut donc officialisée avec l'écriture d'un album qui débuta en 2012 en compagnie des guitaristes KRISTIAN NIEMANN (DEMONID, EX:THERION et frère de JOHAN NIEMANN EVERGREY) et PETER HALLGREN (ex: 220 VOLT), et du batteur ROBERT IVERSEN. Il faudra attendre 2015 pour voir la sortie de IN THE SHADOW OF THE INVERTED CROSS, rapidement suivi de l’EP BLACK. ROBERT IVERSEN (batterie) quittera SORCERER en 2017 pour divergence musicale, remplacé par LARS SKOLD (TIAMAT, AVATARIUM) pour l'enregistrement de THE CROWNING OF THE FIRE KING (2017), puis par RICHARD EVENSAND, qui avait déjà joué (Et enregistré THE INQUISITION) avec le groupe entre 1991 et 1992. Les doutes ne sont plus permis, la carrière de SORCERER est bel et bien lancée, et qui plus est, en pleine ascension. Aujourd’hui les scandinaves nous sortent leur troisième disque, LAMENTING OF THE INNOCENT (le 29 mai 2020), construit sur les bases solides du précédent, tout en élargissant ses horizons. Dix nouveaux morceaux pour plus d’une heure (1h 03m) d’un HEAVY/DOOM épique et très mélodique accueillant un nouveau membre en son sein: JUSTIN BIGGS (basse). Ce qui n’empêche pas, JOHNNY HAGEL de faire toujours partie du groupe et d’y être toujours aussi impliqué, notamment dans l’écriture des chansons, signant «deliverance » et « where spirits die » sur ce nouvel album. Il s’occupe également du business de SORCERER, traitant avec la maison de disque, gérant la promotion, et les produits dérivés de l’imagerie des suédois. Que ce soit JUSTIN BIGGS (basse) ou RICHARD EVENSAND (batterie, arrivé après l’enregistrement du second disque), les deux derniers membres arrivés dans le line-up actuel, ont beaucoup contribué au son de LAMENTING OF THE INNOCENT. Le premier écrivant des paroles et produisant quelques growls (« the hammer of witches », « lamenting of the innocent ») inédits bien sentis. Le second apportant son jeu très technique, varié et groovy à cette nouvelle œuvre. SORCERER sonne ici plus moderne et clair, sa musique s’éloignant un peu du DOOM METAL pour s’aventurer plus sur les terres arides du HEAVY METAL (HEAVY PROGRESSIF) avec même quelques passages progressifs d’une grande splendeur.
Le concept de l'album fait référence à l’inquisition et à la chasse aux sorcières et ANDERS voulait le traiter de façon inhabituelle. Ici, Pas de concept chronologique mais dix titres tournant autour de la thématique principale (abordant également la condition humaine). LAMENTING OF THE INNOCENT est très varié, renforçant la dynamique musicale du groupe. « the hammer of witches » est plutôt rapide, contrastant avec la lenteur de l’éponyme qui suit « lamenting of the innocent » à l’incantation très DOOM, rappelant la référence ultime du genre : CANDLEMASS. D’ailleurs JOHAN LÄNGQVIST (chant, CANDLEMASS) vient collaboré avec ANDERS par un duo magnifique sur la superbe ballade qu’est « deliverance » (0n y retrouve le violoncelliste suédois SVANTE HENRYSON). Les influences de SORCERER sont parfaitement identifiables et totalement intégrées à leur musique, sans y perdre une once d’identité. Allant de l’ambiance sombre et groovy de « Institoris » qui pourrait nous rappeler BEYOND TWILGHT, au grandiose, lourd et épique de « where spirits die » très poignant dont le début nous plonge dans le monde du mythique QUEENSRYCHE (puis par la suite dans celui de BEYOND TWILIGHT). La voix d’ANDERS se rapprochant de celle de son idole GEOFF TATE. Intense et fort émouvant. SORCERER synthétise tout ce qu’il sait faire de mieux, à la perfection avec « age of the damned ». Quelques élans progressif à la OPETH (leurs compatriotes suédois), sur un refrain très addictif, dont les puristes des années 80’ se délecteront. Si vous prêtez une oreille attentive sur «condemned », vous pourrez y distinguer quelques lignes de chant féminin, se prêtant à merveille avec la voix exceptionnelle d’ANDERS et l’émotion incroyable qu’il peut y véhiculer. L’introduction ecclésiastique y est du meilleur goût, mêlant sensations mystiques et tristesse sentimentale. Comme le condamné, espérant la grâce, et le retour dans les bras de sa bien-aimée, s’accrochant ne serait-ce qu’à une simple visite de celle-ci, la dernière avant son exécution. L’église, ses anges et ses démons, le bien, le mal imprègnent toujours la musique de SORCERER, sur le long et épique « dance with the devil » aux mélodies envoûtantes et très OPETHIENNES. La conclusion du disque est très belle, avec un début de titre entièrement instrumental (« path to perdition »), comme à la grande époque des guitaristes de prestige (guitar-hero) des 80's. Ce qui nous incite à souligner le travail immense des musiciens et spécialement (le plus frappant) des guitares et soli exceptionnels d’un certain virtuose que beaucoup connaissent déjà: KRISTIAN NIEMANN. SORCERER fait, pour un tas de choses évoquées plus haut, de sa troisième œuvre une perle rare, la plus intense, prenante, et aboutie de sa longue et jeune carrière. Qui prend encore plus d’ampleur dans nos têtes à chaque nouvelle écoute, toujours stimulée par quelque chose de nouveau. On eu la chance l’année dernière d’avoir plusieurs œuvres démentes dans son style avec CANDLEMASS (THE DOOR TO DOOM), AVATARIUM (THE FIRE I LONG FOR), MATS LEVEN SKYBLOOD (plébiscité sur LOUD TV dans mon top 2019). En 2020, nous aurons SORCERER et son LAMENTING OF THE INNOCENT.
TRACKLIST:
01. Persecution (Intro)
02. The Hammer of Witches
03. Lamenting of the Innocent
04. Institoris
05. Where Spirits Die
06. Deliverance
07. Age of the Damned
08. Condemned
09. Dance with the Devil
10. Path to Perdition
11. Hellfire (Bonus Track)
LINE-UP:
ANDERS ENGBERG: CHANT
KRISTIAN NIEMANN: LEAD GUITAR
PETER HALLGREN: RYTHM GUITAR
JOHNNY HAGEL: BASSE
JUSTIN BIGGS: BASSE
RICHARD EVENSAND: BATTERIE
CONNY WELEN: COLLABORATEUR EXTERIEUR, CLAVIERS, LYRICS.
LAMENTING OF THE INNOCENT est auto-produit, et a été mixé et masterisé par RONNIE BJORNSTROM.
PAPABORDG POUR LOUD TV.
NOTE: 8,5/10.
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