L'homme moderne est cet être revenu de tout, fier de ne croire à rien d'autre qu'à son propre pouvoir. Une confuse volonté de puissance le pousse à obéir à ses seuls désirs, à dominer la nature à sa guise.
Le groupe Espagnol Black-Death Metal INSANIAM sort cette année son troisième album, "Homo Insecta" sous le label Molusco Discos le 05/02/2020. Homo Insecta a été enregistré, mixé et masterisé aux studios Baboon Records à Albacete sous la direction de Juanan López. La responsabilité de la qualité artistique revient à Enrike Valiente. Autant vous annoncer que la qualité visuelle est de mise, puisque l'identité du groupe est parfaitement retranscrite à savoir un savoureux mélange entre Saw, Silent Hill et la folie de Donni Darko. La pellicule est sale, l'image puissante introduisant parfaitement le cinéma horrifique.

INSANIAM est un groupe de black/death metal psychotique avec des touches progressives et industrielles. Le line-up est composé de Neuros (chant), Dementh (guitare), Theryan (batterie), Anxxiet (guitare) et Psycho (basse). En 2016, le groupe a atteint la première place dans la catégorie Metal du concours de la Villa de Bilbao, obtenant les prix du meilleur groupe, du meilleur chanteur, du meilleur bassiste et du meilleur guitariste, il réédite la même à la dernière édition du Mémorial Alberto Cano tenue en 2019 à Albacete.
À ce jour, sont sortis deux albums studio entièrement autoproduits: "Neurotic Mental Storm" en 2015 et "Ominous Era" en 2018. La dernière édition du Mémorial Alberto Cano, leur permet d'avoir un coup de pouce pour la production de leur dernière infection.
Ils délivrent aujourd'hui avec Homo Insecta 9 titres, 45 minutes sombres avec en toile de fond l'évolution de l'être humain vers une nouvelle espèce qui fusionne les caractéristiques morphologiques et physiologiques de l'homme et l'insecte.

L'album possède une atmosphère propre (ou sale), que le groupe impose dès l'introduction. Expérience menée par des apprentis chimistes dans un bunker, dont la fiole s'est brisée (ça ressemble à quelque chose de connu ces derniers temps… Bref) Cela a sans doute très mal tourné avec The Birth Of, où l'on entend le craquement d'une chrysalide qui laisse s'échapper quelque chose d'inquiétant, s'enchaine ensuite Homo Insecta, chef-d'oeuvre de noirceur orchestré par Dementh et Anxxiet, qui nous servent un hommage à la Silent Hill, caressant leurs cordes avec tous ce qu'il y a de plus malsain chez deux psychopathes lâchés un soir d'une éventuelle purge? Psycho et Neuros transcende l'ensemble rendant la pièce aussi oppressante et désolante qu'est l'espèce humaine. Ce second titre n'est qu'un ersatz de ce que peut accomplir INSANIAM.
Riffs Black metal dés le départ pour A Wolf With Hunger, le décor post apocalyptique est planté. Psycho pose une ligne de basse puissante, apportant une enveloppe vraiment Dark. Équilibre parfait de mastering pour que chaque instrument prenne sa place. Atmosphère désolante au milieu de la track, pour reprendre vers un morceau progressif tout en puissance, usant des nombreuses influences Heavy, Thrash, Black d'antan.
Construction plus death metal pour Sadistic Eyes. Neuros maudit l'humanité et le fait bien comprendre. Voyages dérangeants à l'intérieur de l'esprit humain, INSANIAM monte d'un cran et raviront les fans du genre. Un titre à la veine épique, des parties rapides et vraiment hard, avec toujours cette pellicule sale, d'un futur incertain. Les influences de Dark Funeral et Satyricon se font sentir.
The Adobe Of My Darkest Thoughts, explore toutes les capacités au chant de Neuros. Morceau d'un peu plus de 7 minutes , celui-ci enfonce le clou avec un son brute, une construction ou s'articule Doom, Death, Black, Prog, parfaitement maitrisé. Passages mélodieux, pour laisser entrevoir un peu de lumière, très vite ombragé par le chant totalement dérangé de notre HOTE. On s'enfonce de plus en plus dans le chaos. Ces mecs-là se sont enfuis d'un asile et ils le font bien sentir. Magnifique tour de force qu'est-ce titre.
Rire échappé tout droit d'une personne qui doit avoir un sérieux problème d'identité, voici comment démarre Moral Transgressor. Des ambiances à la Mayhem à l'époque de Maniac. Theryan martèle ses peaux et sa double pédale, comme s' il tannait la peau d'un être humain. On note une certaine attitude nihiliste. Des riffs simples et efficaces sans grande prétention, mais ça fait du bien aussi, car le chant reste suffisamment malsain pour nous rappeler qu'ils n'ont pas terminés de déranger notre esprit.

Psychoparasite, Bijou de Doom/death magistralement exécuté. ça transpire Paradise Lost et Fenriz. Enchevêtrement de structure mélodieuse, teinté de black des années 94, un son à la guitare proche d'un Burzum sur Hvis Lyset Tar Oss. Remarquable, INSANIAM a décidément dans sa besace, un pannel énorme d'influences.
Dear Dogs sonne d'un black death mélodique qui monte crescendo. Riffs efficaces qui éclatent les nuques comme il se doit, du break, des blasts percutants, du double kick qui termine de briser ce qui reste de notre humanité, tous les ingrédients nécessaire pour se la coller dans le pit. Titre qui flirte avec le Death Black puissant de Dissection. Comment prendre une claque et se faire souiller l'âme avec classe.
Filosofem de Burzum, nous avait transporté vers un monde glacial, il n'en est rien comparé à ce dernier requiem qui mettra fin à ce qui reste de vivant sur cette terre et de cet album. Sweet Demential Song, c'est un final mid tempo de 8 minutes, dans lequel Neuros pose un chant, LE chant qui vous fait froid dans le dos chaque fois qu'il retentit, qui vous hante. Une harmonie destructrice et hypnotisante. Rythmique de guitares faites de boucles Dark Ambient, une Batterie déterminée à nous faire oublier, oublier ce qui se passe, oublier le temps, oublier que nous sommes l'expérience.
Véritable coup de coeur qu'est cet album "Homo Insecta". Oeuvre totalement Insane, un troisième album qui instaure une profonde maturité. Harmonies dissonante, riffs furieux, et ambiance mélodique poisseuse, dépressive. les solos sont d'une simplicité et d'une efficacité redoutables. L'intensité que dégagent les compositions vous plonge directement dans l'album. Pour INSANIAM, la musique est une expérience, une allégorie, puisant dans des situations extrêmes où nous perdons le contrôle de notre conscience. Une vision nihiliste et sceptique liée à notre existence en tant qu'individu, ressentent un profond rejet envers la religion et autres tendances anthropologiques. Magistralement exécuté. 20/20
