LEPROUS fait partie de la race des seigneurs, des grandissimes, des groupes récents métalliques à l’envergure mondiale comme c’est aussi le cas de quelques autres (AVATAR, GHOST, SACRI MONTI, KADAVAR, WITCHCRAFT, VOLBEAT, entre autres). Des entités prêtes à prendre le pouvoir, si ce n’est déjà fait pour certains d’entre eux sur le monde de l’art sonore suprême dont nous sommes tous addicts depuis le premier baptême de feu reçu. La différence notable qu’il faut mettre absolument en avant, c’est que LEPROUS a tout pour conquérir plus que notre musique mais le monde musical en général, ce qui me semble peu commun et hors-norme pour un groupe de métal progressif, qui plus est aussi original ! Les Norvégiens furent au firmament de leur créativité, même dans les étoiles les plus éloignées du cosmos avec THE CONGREGATION (2015), tant ce cinquième album était une œuvre d’exception dont beaucoup dans une carrière souhaiteraient ne serait-ce qu’effleurer.
Un alien, une chose hybride (comme son artwork) que personne n’avait soupçonné l’existence, sauf sans doute ceux qui l’entrevoyaient, le présentaient déjà avec les trois œuvres sorties précédemment. Cependant, avec le suivant MALINA (2017), plus épuré, la magie opérait toujours mais avec moins de folie, d’intensité et d’énergie, faisant de celui-ci une très légère déception, infime mais déception quand même. Certes très bon mais n’atteignant aucunement le génie de son aîné. Nos lépreux préférés emmenés par le charismatique et hyper talentueux EINAR SOLBERG (chant) reviennent déjà avec un nouvel opus dans une année où seule la qualité absolue semble de mise, un présage de bon augure ? Soyons honnêtes, ne cherchons pas à faire piétiner, et saliver nos lecteurs d’impatience ! La réponse est oui, mille fois oui. PITFALLS, septième album des scandinaves est juste incroyable et ceci à bien des égards, enterrant haut la main le pourtant excellent MALINA (2017), pouvant même jouer des coudes avec THE GONGREGATION (2015) mais avec d’autres armes que celui-ci. La consécration ultime et totale? Le temps le dira….
PITFALLS est composé de neuf morceaux (54:50s) aussi sublimes les uns que les autres et fut enregistrer au GHOSTWARD/FASCINATION STEET STUDIOS, produit par DAVID CASTILLO (OPETH, KATATONIA). Il fut ensuite mixer par ADAM NOBLE (PLACEBO, NOTHING BUT THIEVES, DEAF HAVANA). Le travail magnifique de la graphiste indonésienne ELICIA EDIJANTO délivrant cette pochette énigmatique décrivant parfaitement l’ambiance sonore de PITFALLS. A la découverte de celui-ci la surprise est totale, de taille. LEPROUS continue sa mue pour arriver à ce qui semble être proche de la perfection pour satisfaire la quête du succès populaire total. En outre la déception sera de mise pour certains ou certaines à la première écoute, mais les évidences sont les évidences, ceux-ci seront pleinement conquis par les suivantes et cette richesse amenant l’émotion sur de très hautes altitudes. Oui il est vrai que LEPROUS se veut moins métal désormais, les tempo sont plus lents, l'ambiance plus intimiste, mais toujours là où la chanson en a besoin pour lui insuffler ce regain d’intensité permettant aux sentiment d’être suspendus, comme les notes dans la transparence de l’air. Ce qui ne peut être possible au commun des mortels, ne semble pas l’être pour LEPROUS nous transperçant de toute part tout le long de ces cinquante quatre minutes. Riche en corde comme une toile de fond, EINAR y pose sa voix, prenant des allures dantesques comme sur le monstrueux « observe the train ». Tout est prétexte (mais avec grand art et goût) à mettre sur orbite l’organe vocal de SOLBERG et des sentiments forts qu’elle peut engendrer à son auditoire. Sur ce point là, le travail des autres musiciens est juste exceptionnel. Ils sont ultra-présents tout en naviguant en arrière plan. D’ailleurs, PITFALLS me fait revenir en arrière loin dans mes pensées avec MUSE et son après cultissime ORIGIN OF SYMMETRY (2001) avec le somptueux ABSOLUTION (2003) libérant ses ardeurs musicales par un surcroît de créativité, et d’émotion encore plus marqué. Ce qui est le cas de LEPROUS avec l’étincelant « alleviate » avec un groupe à son sommet en tout point, résumant tout ce qui a été dit précédemment. Que dire de plus, juste se parer pour ne pas s’effondrer et pleurer…… Le métal est toujours présent mais utilisé autrement comme PAPABORDG le soulignait, distillant des étincelles de feu sur des morceaux terrifiants comme sur « foreigner », « below », « distant bells », ou « at the bottom » où encore l’aura d’un MATTHEW BELLAMY traîne quelque peu.
LEPROUS se permettant même tout les excès dans la conclusion de ce chef d’œuvre par le long (plus de onze minutes), grandiloquent, et quelques peu mécanique « the sky is red » (le seul solo du disque et mon dieu quel solo !), laissant des indices susceptibles de définir une orientation musicale quand à l’avenir du groupe et le renouvellement perpétuel de sa fibre artistique. Voilà ce qui fait la différence entre un très bon album, un chef d’oeuvre, et une œuvre universelle: c’est PITFALLS de LEPROUS. Pour Noël j’en délivrerai quelques exemplaires en cadeau, évidemment la plus belle des éditions, à ma famille. Vous comprenez ce qu’il représente maintenant et la chance que le métal a d’être à l’origine de tout ça pour assurer sa prospérité, son avenir et sa reconnaissance qui sera encore bien plus grande dans des jours proches. Rendez-vous à tous et toutes pour les voir fouler la scène du CABARET SAUVAGE le 12 novembre. La soirée s’annonce inoubliable, en espérant que pour les absents ils nous feront la grâce d’un retour rapide sur une scène parisienne et pourquoi pas sur la scène mythique de l’Olympia. Ce qui collerait avec la dimension exceptionnelle d’un tel groupe. Note: PITFALLS n’a pas de prix…… Et finalement j’ai rarement écouté quelque chose d’aussi intense et métal comme quoi ! PAPABORDG POUR LOUD TV.
Notre dernière interview avec Einar de Leprous pour Malina