Chronique de OPETH – In Cauda Venenum – UN VOYAGE FUNESTE DIGNE D’UN OPÉRA LUXURIANT

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Note de la rédaction :
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Chronique de OPETH - In Cauda Venenum - UN VOYAGE FUNESTE DIGNE D’UN OPÉRA LUXURIANT

Quoi que dise la populace des grincheux, des insatisfaits, des amères, des nostalgiques d’une certaine période des suédois qui fut plus méchante et heavy, OPETH n’a jamais cessé d’être l’un des plus grands groupes de ces trente dernières années apportant une identité nouvelle ultra novatrice au métal le faisant évoluer vers d’autres sphères que seul cette musique est capable d'engendrer.

 

MICHAEL ÅKERFELDT, que dieu lui-même baptisa du sceau du génie, accompagné dans toute son immense carrière par des musiciens justes phénoménaux pouvant mettre à bas ses desseins artistiques, même ceux les plus inimaginables. Une équipe glorieuse dont MICHAEL avait décidé de prendre congé une petite année, histoire de se reposer, de décompresser. Mais il n’en fut rien ! Rattrapé fut-il par le simple plaisir d’écrire de la musique, comme l’ado qui aime pour la toute première fois, MICHAEL ne peux vivre sans se rappeler ce goût des sons, cet attachement viscéral à son art qu’il aime et aimera éperdument devant l’éternel.

 

Pour ce nouvel album, treizième du nom, successeur du déjà superbe SORCERESS (2016), pas de plan, pas de contraintes, que de la passion, des vibrations, de l’émotion pour les notes que le leader d’OPETH veut nous transmettre avec son cœur et sa voix. Un titre latin IN CAUDA VENENUM, signifiant du poison dans la queue, faisant référence à la piqûre mortelle du scorpion. Un double album avec la version principale dans la langue natale du chanteur, donc en suédois, plus une version en anglais dont on peut entendre aussi des samples en suédois. OPETH ne voulant pas léser ses fans ne comprenant pas le suédois et peut-être aussi par choix stratégique et commercial du label Nuclear Blast.
 

Chronique de OPETH - In Cauda Venenum - UN VOYAGE FUNESTE DIGNE D’UN OPÉRA LUXURIANT

L’artwork est atypique, une maison se tenant sur la langue d’un démon, une magnifique demeure peuplée d’ombres prêtes à se faire engloutir par une énorme force démoniaque. IN CAUDA VENENUM est composé de dix longues pièces musicales enregistrées au PARK STUDIO qui a été suggéré par TOBIAS FORGE (GHOST) ami d’errance d’ÅKERFELDT. Un studio moderne mais à l’environnement un peu vieux, miteux et moisi dont les murs transpirent les histoires, les excès et la folie musicale. Le lieu parfait pour faire transcender par tous les pores les nouvelles compositions d’OPETH. Une œuvre qui ne laissera personne indifférent tant elle est sculpturale, incroyable, que dis-je phénoménale ! Sans doute la plus riche, peut-être l’une des toutes meilleures que le groupe ait jamais réalisé. Conceptuelle, elle peut l’être car bercée par une abondance en corde mariée à de nombreuses ambiances cinématographiques. La patte OPETH est toujours aussi vivace mais elle n’a jamais été aussi grandiloquente, variée et épique comme sur la fin à couper le souffle qu’est ALLTING TAR SLUT/ALL THINGS WILL PASS. Une musique toujours aussi complexe mais pourtant si facile à écouter et à apprécier, si facile, une véritable performance.

 

Un OPETH bourré d’énergie, éclatant souvent dans une intensité rare et folle, laissant ses semences nous raconter des histoires plus calmes et douces. Comme sur la rythmique cavalière à la MAIDEN sur le monstrueux HJARTAT VET VAD HANDEN GOR/HEART IN HAND, mais plus classique dans sa partie acoustique le clôturant. Comment ne pas être interloqué par l’écoute d’une telle pièce d’opéra métal qu’est DE NARMAST SORJANDE/NEX OF KIN, un MICHAEL en état de grâce, aux trémolos ensorcelants et bigrement poignants non sans rappeler sur les aigus un certain JOSH HOMME (QUEENS OF THE STONE AGE). Un thème acoustique surprenant qui nous transporte dans un monde plus désertique et très loin des hivers rudes et de la froideur scandinave. On retrouve la voix chaude et douce de MICHAEL sur MINNETS YTA/LOVELORN CRIME posé simplement sur de belles notes de piano mélancoliques. Un titre évoluant par la suite vers une somptueuse ballade rock très orchestrée, prenant son apogée sur un solo énorme de FREDRIK AKESSON (qui nous laisse aussi pantois sur le solo halluciné de KONTINUERLIG DRIFT/CONTINUUM). OPETH se veut plus agressif, démonstratif sur CHARLATAN. Un démarrage en trombe avec une rythmique très appuyée, sombre, presque flippante (rappelant encore le grand MAIDEN) avec une basse très en avant au son très granuleux. La fin du titre nous plonge d’un seul coup dans une autre dimension, celle des frontières de l’irréel, prenant fin sur des chants ecclésiastiques très surprenant et du meilleur effet.

Chronique de OPETH - In Cauda Venenum - UN VOYAGE FUNESTE DIGNE D’UN OPÉRA LUXURIANT

Avec IN CAUDA VENENUM, OPETH n’a besoin que de quelques notes à chaque fois pour nous trucider, nous plonger dans la dépendance émotion et musicale comme sur le magistral multi-facette qu’est INGEN SANNING AR ALLAS/UNIVERSAL TRUTH. La montée guitare/chœurs est si fabuleuse, plongeant très vite l’auditeur dans une chevauchée galopante au sein du monde de l’orient. De l’Asie on passe au sud des États-Unis là où pris sa source le jazz sublimant le lugubre et ovniesque BANEMANNEN/THE GARROTER. Arpèges chevaleresques, piano, pour une descente en enfer avec jeu de batterie aux balais, leads légères et désinvoltes. Une chanson à l’aura semblant se détacher du reste de ce fameux IN CAUDA VENENUM. Certainement l’un des moments les plus forts et brillants de cette nouvelle œuvre pour le fou furieux PAPABORDG. L’envoûtement se veut définitif et irrémédiable dès les premières notes acoustiques très dark du pharaonique ALLTING TAR SLUT/ALL THINGS WILL PASS. On se rapproche de ce qui fait la force et la puissance d’un autre géant suédois: THERION. Une fin qui reste en tête et dans nos mémoires tel une offrande miraculeuse aux dieux.

 

Avec IN CAUDA VENENUM, OPETH signe là une œuvre majeure dans sa carrière qu’elle soit en suédois ou en anglais, qui d’ailleurs de par la langue donne sensiblement aux deux versions des couleurs quelques peu différentes. De plus les scandinaves réussissent l’exploit de faire de longues structures suscitant toujours l’intérêt ultime, tout en étant assez facile d’accès. OPETH sublime son art dans tous les domaines musicaux abordés, aussi éclectiques soient-ils. Sans oublier qu’il dégouline, déborde, suinte d’émotions. Sûrement l’un des plus grands opus de l’année, vu la qualité extrême de celle-ci, l’exploit est incommensurable !

 

 Note: UN CHEF D’OEUVRE. PAPABORDG POUR LOUD TV.

 

Ecoute intégrale ici :

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