Ah PEARL JAM ! Mon dieu, que d’aventures passées pour moi en compagnie de ce monument de la vague grunge (mouvement musical, culturel et social), qui déferla début des années 90’ (1991) sur le monde terrestre, mettant au Panthéon SEATLLE et à genoux beaucoup d’entre nous. Vingt-neuf ans après le mythique TEN (1991), PEARL JAM et ALICE IN CHAINS sont toujours là, foulant toujours le haut de l’affiche, seuls grandissimes rescapés désormais d’une ère révolue. Pas très étonnant car les deux formations étaient et sont certainement les plus belles de ce phénomène planétaire, sans doute les plus originales également. J’ai tellement de souvenirs jaillissant hors de ma tête plus vieille de presque trois décennies. La voix UNIQUE d’EDDIE VEDDER me ramenant à de longs et fougueux baisers échangés avec cette moitié désormais si lointaine. Un concert magnifique à BERCY en 2000, main dans la main, le cœur ne faisant plus qu’un sur l’émotion si palpable d’une œuvre hors-norme que fut BINAURAL (2000). Les courses effrénées aux frissons, à la passion l’année suivante pour collectionner chaque date mondiale que nos cinq compères sortirent en physique. Pour moi c’était tout une époque, celle de la jeunesse, l’amour, la fougue et l’insouciance. Six œuvres grandioses puis mon cœur s’est arrêté de battre pour presque tout, y compris pour nos héros américains qui sans jamais être mauvais, loin de là, n’atteignirent plus jamais de tels monuments.
Cependant je fus toujours à l’affût des déclarations et positions parfois tapageuses de leur leader charismatique, avec dans un coin de mon esprit l’espoir toujours aussi vivace qu’ils puissent un jour me toucher comme ils le firent dans leurs plus belles années. Ce ne fut jamais tout à fait le cas à dire vrai ! A l’annonce d’un nouvel album, sept ans après LIGHTNING BOLT (2013), qui fut bon mais sans être grandiose, la nouveauté attisa ma curiosité. Onzième de rang, GIGATON (unité de mesure d’énergie explosive, sortie le 27 mars) m’intrigua tout de suite à l’écoute des deux premiers singles, « dance of the clairvoyants », « superblood wolfmoon », excellents je dois dire, même un peu plus que ça, avec ce petit supplément d’âme, cette étincelle d’originalité (si typique au grand PEARL JAM) qui ma foi me donna une envie folle d’écouter la suite au plus vite. Et ce qui me sembla possible à l’écoute des deux nouveautés citées plus haut, se retrouva sur la globalité de GIGATON. Un grand disque flirtant même avec le génie des œuvres jadis, magie et émotion étant au rendez-vous. Le sourire sur mes lèvres charnues et chaudes comme la braise s’installe pour un peu plus vous compter l’histoire de ce GIGATON, notre histoire.
Ce nouvel opus a été produit par Josh Evans et le groupe lui-même. La pochette de Gigaton (représentant la fonte d’un glacier en Norvège) est une photo, nommée « Ice Waterfall », du photographe, cinéaste et biologiste marin PAUL NICKLEN. Il comprend douze titres pour une durée de presque une heure (57m 06s). Certes il est assez long mais sans réelles longueurs ou faiblesses notables sauf peut-être « buckle up » (et encore c’est pas sûr). Un disque varié avec toujours un énorme ascenseur émotionnel. Sombre et confus, tout y est, incluant aussi un voyage aussi excitant qu'expérimental, sur le chemin de la rédemption musicale. La collaboration entre les musiciens a apporté beaucoup d’amour, de lucidité, et de connexion avec les besoins humains en cette période si difficile. Ce qui m’amène à parler des paroles signées évidemment EDDIE VEDDER, elles sont particulièrement impactantes. Cette façon qu’il a de décrire le monde… Il ne se contente pas de raconter les choses, il y ajoute du mysticisme agençant les mots et la musique de manière artistique. Cela leur donne une puissante forme de tonicité. Et si le message est tragique, la forme reste belle et pleine d’espoir. Oui notre planète va mal, l’environnement se meurt, mais il n’est pas encore trop tard pour CHANGER. EDDIE s’en prend au système TRUMP avec rage, crachant également aux yeux du monde son désarroi quant à la dégradation toujours plus criante de notre chère mère nature.
Musicalement, GIGATON surprend dans sa structure globale car il semble dédaigner toute forme de ligne directrice comme un pantin désarticulé, il avance en s’attachant par les sentiments. Tantôt avec force, puissance et énergie, tantôt une tierce s’invitant sur les quatre premiers morceaux justes exceptionnels dont le firmament se trouve sur la basse ronflante d’un JEFF AMENT avec « quick escape » et ses sonorités jubilatoires Stoner Rock (on pense immédiatement à QUEENS OF THE STONE AGE). Puis tout doucement GIGATON s’adonne à des jours moins heureux, nous invitant à la mélancolie, chargeant l’atmosphère de nostalgie. Alors un duo s’impose implacablement pour clore ce premier chapitre de GIGATON presque parfait. Enchaîner par les vents déferlant sur les flots marins, « alright » (introduit par un délicat xylophone) s’enlace et embrasse la déferlante émotionnelle pile « seven o’clock », sans aucune destination, sauf sur celle d’un rock rageur « never destination » (écoutez bien le lien crée par le groupe sur les trois titres sur fond de liberté marine, les éléments thèmes cher à PEARL JAM). Cette dernière chanson endiablée inaugurant une deuxième moitié de disque, un poil moins captivante. Peut-être parce qu’elle se veut plus lente et bien plus intimiste laissant l’énergie parfois psychédélique et débordante des américains pratiquement en berne. Sauf sur « take the long way » aux chœurs très étranges, très légers contrastant avec la musique plus brute de décoffrage. Un beau refrain où MIKE MCCREADY (guitare) se fend d’un superbe solo avec tout la dextérité qu’on lui connaît , avec ses légers effets, et sa pédale Wah-Wah toujours utilisée à bon escient.
Pourtant GIGATON y laisse aussi son emprunte indéniablement, notamment avec la ballade acoustique teintée de blues « comes then goes » (superbe refrain, dont les accents musicaux n’auraient pas dépareiller sur le mythique NO CODE (1996)) qui émeut inlassablement. Le souffle court, GIGATON s’achève sur un « river cross » fédérateur, magnifique. la mélodie principale joué par un accordéon (une ambiance menée par cet instrument que l’on retrouve déjà sur VITALOGY (1994) notamment) est bouleversante, se mêlant agréablement à la batterie cavalière (percussions) de MATT CAMERON (batteur). PEARL JAM avec GIGATON ne révolutionne pas son art comme ce fut à chaque fois le cas jusqu’à BINAURAL (2000), un temps jadis désormais révolu. Mais cette nouvelle œuvre conserve l’inspiration de ses glorieux aînés et quelque fois sa fougue salvatrice. GIGATON a besoin de temps pour faire son chemin dans nos mémoires, il se fera déception peut-être pour certaines ou certains dans un premier temps, mais par la fraîcheur de certains de ces morceaux marquants, nous y reviendrons pour en apprécier toute sa puissance émotionnelle et sa grande beauté. Trente ans d’existence pour un groupe qui aura gravé les sillons de l’éternité, qui espérons malgré la situation actuelle pourra faire preuve de tout son potentiel scénique, dans le monde, en Europe, et notamment en France au LOLLAPALOOZA le 19 juillet prochain. Pour ma part, je n’ai jamais plus retrouvé cette main auquel je vouais cette adoration, elle est partie sans retour possible, mais aujourd’hui j’ai retrouvé l’amour de mon PEARL JAM. CONTRE VENTS ET MAREES……
LINE-UP:
EDDIE VEDDER: CHANT, GUITARE RYTHMIQUE, PAROLES
MIKE MCCREADY: GUITARE SOLO, CHOEURS
STONE GOSSARD: GUTARE RYTHMIQUE, CHOEURS
JEFF AMENT: BASSE, CHOEURS
MATT CAMERON: BATTERIE, PERCUSSIONS, CHOEURS
BOOM GASPAR: CLAVIERS
Pour ce sublime titre aux allures NEW WAVE ROCK «dance of the clairvoyants » PEARL JAM danse avec sensualité comme un DEPECHE MODE ou DURAN DURAN, une partie de chaise musicale qui voit un line-up interchangé.
JEFF AMENT: GUITARE, CLAVIERS
STONE GOSSARD: GUITARE, BASSE
MIKE MCCREADY: GUITARE, PERCUSSIONS
MATT CAMERON: BATTERIE, PERCUSSIONS
EDDIE VEDDER: CHANT.
PAPABORDG POUR LOUD TV.
NOTE:8/10.