CHRONIQUE DE SEPULTURA : UN NOUVEL AGE D’OR ?

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Note de la rédaction :
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CHRONIQUE DE SEPULTURA : UN NOUVEL AGE D’OR ?

SEPULTURA fut le groupe mythique connu de tous aujourd’hui notamment grâce à une trilogie artistique époustouflante (ARISE (1991), CHAOS A.D (1993) et ROOTS (1996)) qui marqua toute une génération et dont le souvenir est toujours des plus vivaces.

 

Après le départ de son géniteur et leader MAX CAVALERA (1996) voguant sur les vents de son SOULFLY, nos brésiliens connurent des années sombres, très difficiles avec des œuvres ne faisant plus l’unanimité (et pour beaucoup) comme celles de leur lointain passé glorieux. Certains n'y voyant qu’une longue agonie vers une mort certaine, oubliant ainsi que nos héros légendaires ne s’éteignent jamais vraiment. Ce qui fut heureusement le cas de SEPULTURA remontant la pente dès sa signature avec le label allemand NUCLEAR BLAST avec un douzième album KAIROS (2011) plutôt excellent. Mais l’entité brésilienne fut marqué réellement par une cure de jouvence incroyable avec l’arrivée (2011) du très talentueux jeune batteur ELOY CASAGRANDE qui forma dès THE MEDIATOR BETWEEN HEAD AND HANDS MUST BE THE HEART (enregistrement de son premier album avec Sepultura de 2013) avec ANDREAS KISSER, un duo créatif des plus redoutables. Des prestations scéniques impressionnantes mettant en exergue en l’an 2017 la complexité du monumental MACHINE MESSIAH, amenant SEPULTURA à se dépasser aussi bien techniquement qu’artistiquement.

CHRONIQUE DE SEPULTURA : UN NOUVEL AGE D’OR ?

Un nouveau cycle est ouvert, de nouvelles possibilités s’offrant au groupe, grâce aux qualités innombrables de ce quatorzième album ayant œuvré à faire de nos brésiliens un meilleur groupe composé de meilleurs musiciens. Seulement deux ans plus tard en résulte un nouvel effort QUADRA, digne successeur de MACHINE MESSIAH, s’en inspirant tout en mettant le curseur de l’ambition à la hausse. Un concept musical et numérologique en quatre parties, tirant sa quintessence de l’œuvre mystique de JOHN NORTH QUADRIVIUM (arithmétique, géométrie, musique et astronomie) élargissant le sujet à travers la notion de Dieu, de création, de mort, d’éthique et de règles qui encadrent nos parcours terrestres, ne faisant qu’amplifier cette nouvelle résurrection. QUADRA développe quatre facettes, quatre couleurs musicales représentant trente cinq ans de carrière sur douze morceaux (51m18s) d’une grande richesse et d’un éclectisme certain. Des atmosphères différentes, des changements de direction, tout en étant compact, puissant et d’une grande unité. Absolument passionnant. Vraiment intense et prenant. Comme pour le précédent le cinquième membre du groupe est JENS BOGREN, assurant la production de STOCKHOLM à OREBRO, preuve de la volonté du groupe d’opérer comme MACHINE MESSIAH mais avec une meilleure connexion, et une complicité accrue. Ce qui ne fut pas de trop tant l’enregistrement fut difficile dû à la complexité de l’œuvre, son degré technique et son exigence artistique.

 

Revenons d'ailleurs à ces quatre phases de QUADRA. La première est d’avantage connectée au vieux THRASH abordé par BENEATH THE REMAINS (1989) ARISE (1991) avec des éléments d’aujourd’hui comme sur le titre d’ouverture « isolation » avec ses chœurs à la dramaturgie symphonique. On y retrouve également l’irrésistible « last time » d’une puissance de feu exceptionnel au refrain rageur mais tout en y développant encore une fois un pont atmosphérique symphonique de toute beauté et d’une finesse remarquable. La phase suivante aborde plus le côté groove metal, comme sur les œuvres intemporelles que sont CHAOS A.D (1993) et ROOTS (1996), si caractéristiques du gang de BELO HORIZONTE. Elle commence sur les percussions tribales de « capital enslavement » violons autoritaires, chant ethnique se donnant le change sur une mélodie sacrificielle. Chiadé, Brutal, et spectaculaire (le couple violons/percussions). ANDREAS KISSER y est juste incroyable (comme sur tout le disque d’ailleurs) aussi à l’aise en riffing que sur des soli ultra rapides. Effectivement Sepultura sait alterner les instrumentations plus alambiquées avec celles plus directes comme sur le destructeur « ali » qui déboule sur un riff pachydermique.

 

La connexion suivante (troisième phase) est nettement plus instrumentale avec l’acoustique magnifique, tout en délicatesse de « guardians of earth », sublimé par l’ajout de chœurs grandiloquents donnant un ton religieux et solennel aux ébats musicaux des brésiliens. Le travail des guitares sur l’instrumental « the pentagram » ravira les spécialistes du genre, elle fait écho à la réussite et au succès de « iceberg dances » sur MACHINE MESSIAH. Vu l’importance de la géométrie sur QUADRA, et que la chanson fut écrite sur une signature rythmique en cinq-quatre, le lien avec le metal, cela prend tout tout à coup tout son sens. N’oublions pas le court interlude « quadra » transitoire à la dernière partie peu conventionnelle pour du SEPULTURA, plus mélodique, plus émotionnel, plus atmosphérique, au tempo plus posé. On peut y entendre sur « agony of defeat » un DERRICK GREEN remarquable, variant son organe vocal, clair, obscur, éraillé, saturé et supporté par de nombreux chœurs et cordes. « fear, pain, chaos, suffering » voit la chanteuse EMMILY BARRETO (FAR FROM ALASKA) avoir l’honneur de partager son chant avec lui concluant en toute beauté ce sublime QUADRA, quinzième du nom.

 

 

CHRONIQUE DE SEPULTURA : UN NOUVEL AGE D’OR ?

QUADRA a tout d’une grande œuvre, de celle qui fait référence dans la carrière d’un groupe au passé aussi prestigieux qui soit, et qui malgré le temps a toujours autant d’ambition, de créativité, dont le line-up excelle en tout point individuellement en servant un collectif d’une richesse étonnante et d’une puissance coup de poing. Les nerfs à vif avec poésie. En ce début d’année, SEPULTURA confirme qui est redevenu grandissime, épousant un nouvel âge d’or depuis ces trois dernières années. Note: 9/10. PAPABORDG POUR LOUD TV.

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