CHRONIQUE DE SPECTRES FROM THE OLD WORLD : FAITES LE GRAND SAUT DANS LE COSMOS DE DARK FORTRESS.

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Note de la rédaction :
/5
CHRONIQUE DE SPECTRES FROM THE OLD WORLD : FAITES LE GRAND SAUT DANS LE COSMOS DE DARK FORTRESS.

Après avoir posé mon âme sur la falaise abrupte du somptueux REQUIEM de TRIPTYKON (chef d’œuvre – chronique à paraitre dans les prochaines semaines avant sa sortie), il me paraissait plus qu’évident de m’intéresser rapidement par la suite, à la nouvelle œuvre de DARK FORTRESS. Les liens unissants les deux entités, étant aussi forts artistiquement que sentimentalement.

 

Nous ne rentrerons pas dans les détails aujourd’hui, car il serait sans doute jugé (peut-être à juste titre) inutile et indigeste de le faire, cependant les grands connaisseurs, et les vrais passionnés auront déjà fait leur petit cheminement. On ne peut nier que les membres de DARK FORTRESS sont de grands musiciens tous très prisés, au savoir-faire très demandé, tous très impliqués et occupés dans divers domaines de l’art musical. Que ce soit pour la composition, la production, l’arrangement classique (MOREAN avec le REQUIEM de TRIPTYKON), ou simplement comme musiciens de sessions. Une bénédiction comme une malédiction pour les allemands. Une expérience, une ouverture d’esprit et des compétences très accrues dont profite les fondations de DARK FORTRESS pour en faire une force vive. Mais aussi un emploi du temps tel, que le huitième album SPECTRES FROM THE OLD WORLD ne put voir le jour que six longues années après son prédécesseur, le plus progressif VENEREAL DAWN (2014).

CHRONIQUE DE SPECTRES FROM THE OLD WORLD : FAITES LE GRAND SAUT DANS LE COSMOS DE DARK FORTRESS.

Pourtant tout commença parfaitement pour l’homme providentiel de DARK FORTRESS, V. SANTURA (lead guitare TRIPTYKON, avec son nouveau groupe ROOTBRAIN) qui, à peine un an après VENEREAL DAWN, eu une période d’inspiration exacerbée qui lui permit en peu de temps (quelques mois) de composer une bonne moitié de ce nouvel album. Dans ce processus de composition absolument divin et magique, un élément clé fut la première chanson écrite par V. SANTURA,                                   « coalescence », déclenchant une hyper activité musicale chez le musicien. Six premiers titres embrassant un black métal plus abrasif et glacial, faisant référence à certaines œuvres passées des allemands. D’ailleurs, V. SANTURA décida scrupuleusement d’organiser la tracklist des six premières chansons dans l’ordre chronologique exact dans lequel il les avait écrites, comme une invitation à un voyage musical plus agressif, old-shool, et violent. On peut considérer « nascence (intro) » et            « coalescence » comme un seul et unique long morceau qui, quand il fut fini, déclencha un certain feeling dans les doigts agités de son créateur. Une première partie du disque qui pourra surprendre par rapport au stylisme de son aîné, qui était l’album le plus progressif du groupe à ce jour. Des chansons plus courtes et compactes s’inscrivant plus dans la lignée de disques comme SEANCE (2006) ET EIDOLON (2008) mais avec plus de maturité. Cependant dans cet espace temps, DARK FORTRESS marque encore son feu noir et rageur par de magnifiques atmosphères douces et mélancoliques comme sur « the spider in the web », mais également sur le rapide et pesant éponyme « spectres from the old world » avec une fin différente et spatiale se détachant, faite de délicatesse, gorgée de notes dark acoustiques sombres et envoûtantes. Quant aux choeurs gras et diaboliques résonnant sur « pali aike », scandant un superbe refrain, impossible de ne pas penser à l’entrain musical des norvégiens de ENSLAVED. Un mid-tempo épique, majestueux et dont le solo de SANTURA est juste magistral.

 

Malheureusement V. SANTURA n’eut pas autant d’inspiration pour commencer le travail d’enregistrement de cette première partie. Pourquoi ? Car très pris par son métier d’ingénieur du son, l’obligeant à de longues séances de travail, enfermé toute la journée en studio pour y enregistrer, mixer et masteriser d’autres groupes. Dans ce cas précis, il semblait difficile de se dégager du temps pour retourner, après son travail, une nouvelle fois en studio. Ce qui fit perdre un temps considérable à DARK FORTRESS puisque ce n’est qu’en septembre 2017 (soit deux ans plus tard) qu’il commença le travail d’enregistrement de pré-production et de démo dans son studio. Une nouvelle source d’énergie en jaillira, amenant à une autre phase très créatrice, durant laquelle, plus ou moins, le reste de l’album fut écrit, dans les semaines et mois qui suivirent. Une période différente, un autre temps, plongeant notre gratteux dans un autre d’état d’esprit, que ce soit mentalement et émotionnellement, amenant son lot d’idées pour finir SPECTRES FROM THE OLD WORLD. Ce qui se ressent nettement lors d’écoutes attentives, on y remarque des morceaux se voulant plus expérimentaux et plus progressifs dans son ensemble, plus dans la veine de son grand frère VENEREAL DAWN. Même si il convient de souligner que les deux derniers titres n’ont pas été élaborés par SANTURA, ou en tout cas pas seul, puisque « swan song » fut écrite par ASVARGR (guitare), mais arrangé avec VICTOR « V. SANTURA » BULLOCK et MATTHIAS « SERAPH » LANDES (batteur) et que la fin épique aux accents tribaux « nox irae » fut basé sur une vieille idée dont le riff principal d’ASVARGR (guitare) remonte à plus de dix ans. Une conclusion s’inscrivant parfaitement dans ce nouveau disque pour décrire ce sentiment de fin du monde.

 

Malgré ce processus de création très particulier, deux sessions avec des atmosphères sensiblement différentes, les chansons sont parfaitement liées l’une à l’autre avec une grande cohérence. De SPECTRES FROM THE OLD WORLD se dégage malgré tout un sommet plus long, épique, et beau à gravir ; « isa », la majestueuse du disque. Un voyage funeste pour CHRIST LE SAUVEUR mais REDEMPTEUR POUR L’HUMANITE. Envoûtant, lent, hypnotisant (encore très marqué par ENSLAVED, qui a aussi son album ISA, également son huitième album, qui est l’un des meilleurs pour ma part). La musique de ce nouvel album est une grande réussite, magnifique, délivrant sa meilleure partition comme le prouve le somptueux « in deepest Time » (avec un MOREAN au chant clair), grâce aussi à une thématique importante et profonde qui est de l’œuvre de FLORIAN MAGNUS « MOREAN » MAIER (chant, lyrics). Un thème général axé sur la durée de vie du cosmos, de sa création à sa mort dans un lointain futur, vu sous la perspective du cosmos lui-même. La référence au vieux monde (le titre de l’album), est celui de VENEREAL DAWN. Une histoire conceptuelle où son vieux monde s’éteint lors de sa conclusion, plongeant l’œil narratif dans un rayon de lumière pure. La rémanence de ce vieux monde où s’est éteint VENEREAL DAWN perdure sur SPECTRES FROM THE OLD WORLD. Pour le graphisme, MOREAN et sa femme firent un voyage au Chili. Les photos prises furent utilisées pour l’illustration (mediabook) de chaque chanson, ainsi que le livret intérieur en page central. Tout comme le splendide artwork avec sa grotte de glace, une photo magnifique prise par son épouse.

 

Pour conclure, un groupe en grande forme, un compositeur toujours en verve, se distinguant aussi par son jeu cristallin et fluide sur l’œuvre ultime de TRIPTYKON ; REQUIEM, et dont on reparlera très prochainement avec un nouveau projet très différent de DARK FORTRESS: ROOTBRAIN. Certes, DARK FORTRESS nous aura fait attendre un bout avant de nous livrer son âme, mise à nu sur ce très beau nouveau disque. Mais le jeu en valait la chandelle, non?
 
SPECTRES FROM THE OLD WORLD (CENTURY MEDIA RECORDS).

LINE-UP:

FLORIAN MAGNUS « MOREAN » MAIER: CHANT, LYRICS.
VICTOR « V. SANTURA BULLOK » : GUITARE, COMPOSITIONS
ASVARGR: GUITARE
MATTHIAS « SERAPH » LANDES: BATTERIE
PHENEX: CLAVIER (arrivé en 2015, première participation à un album de DARK FORTRESS)

L’album a été enregistré, mixé et masterisé par le guitariste V. SANTURA au WOODSHED STUDIOS (LANDSHUT GERMANY)

PAPABORDG POUR LOUD TV.

Note: 8,5/10.

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