Chronique du dernier album de DEVIN TOWNSEND : EMPATH

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Note de la rédaction :
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Chronique du dernier album de DEVIN TOWNSEND : EMPATH

Alors voila on y est ! Il y'a quelques semaines maintenant je me suis retrouvé avec le tout dernier album de Devin Townsend entre les pattes , et c'est peu dire que je suis scrupuleusement toutes les sorties du fou furieux canadien. Alors forcément quand on se retrouve avec un Devin Townsend entre les mains, et surtout entre les deux oreilles, on prend le temps d'observer, d'apprécier, de capter le moindre détail, à la manière dont on apprécie un grand vin, lire l'étiquette, déboucher, servir, observer la robe, regarder la longueur des jambes, regarder sous la jupe, sentir, goûter, apprécier les arômes…..

Alors on va dire, ça y'est lui il est parti en cacahuète, et en même temps j'ai envie de dire qu'on est bien obligé de partir en cacahuète quand on écoute une oeuvre de Tonton Devin. Le type est quand même capable de nous sortir ce cataclysme qu'est City avec Strapping Young Lad en 1997, date à la quelle je suis tombé sous le charme de la bête, et des projets tels que Devin Townsend Project, Ocean Machine, où même cet univers Ziltoïdien que seul Devin Townsend peut nous inventer. Et ce qui est toujours transcendental, c'est que malgré tous ces univers différents, ou du moins ces approches de composer, on reconnait sans sourciller la patte du Créateur. Et la coutume ne sera pas rompue avec EMPATH.

Oui ça y'est, Devin Townsend revient dans un projet très personnel, hors du temps, hors des codes, Soooooooo Devin en fait. A la vue de la pochette de l'album, on est dans quelque chose de très simple, lumineux et au titre de l'album on s'attend à une phase positive de l'artiste, de la joie, de l'amour. Et Devin Townsend est toujours du genre à vouloir faire passer un message dans ses oeuvres, une idée, une sensation… Probablement la qualité d'un génie musical qui pour moi n'est pas encore assez reconnu…. Mais en même temps c'est ce qui fait le charme de ce personnage.

Il est temps de commencer l'écoute, parce que bien évidemment, je trépigne déja de voir si mes impressions premières seront confirmées.

Le premier titre, Castaway, démarre sur fond de musique caribbéenne. On se laisse porter par le bruit de la mer qui caresse la plage ; les mouettes qui nous accompagnent dans un endroit dans lequel on se sent bien de suite. Des chants veloutés nous enlacent et nous embarquent au bout du monde…. Et nous envoie sur….

Genesis, titre très évocateur quand on connait les références habituelles de Devin Townsend. Et effectivement on reconnait de suite l'orchestration magistrale avec les samples propres à son écriture. Il nous envoie des blasts presque inhumains mélés à des sonorités Pop funky, qui nous feraient danser en paréo en faisant les cornes du Diable.

Spirits Will Collide coupe clairement avec cet univers paradisiaque en nous proposant une entrée avec une chorale très High School et Mister Townsend en prêcheur de bonne parole. Le titre sent le Hallelluyah à chaque note, et Devin est d'une force de persuasion sans borne tant on veut le suivre.

Evermore est clairement l'un des morceaux les plus torturés de l'album….. Certainement une transition dans l'histoire que veut nous raconter le canadien. La rythmique sur l'intro se veut lourde, nous réembarque dans sa chorale, et nous rebalance les cocotiers du début. Pourtant, on ne va pas en rester la. On sent que le type veut défendre un truc. Une espèce de confrontation Bien / Mal qui se met en place. On enchaine entre des mélodies rassurantes, et des riffs très lourds…. On se fait littéralement ballader entre 2 univers bien distincts. Comme si l'on était à une frontière très sensible et qu'il est difficile de palper tout ce qu'il s'y passe.

Evermore nous donne une impression que l'univers dans lequel nous nous sommes embarqués va plutôt bien. On se fait conter l'histoire avec un historique "Once Uppon A time". Le morceau est très aérien, et on se laisse virevolter à la manière d'un oiseau au dessus de tout cet univers, nous laissant un goût d'embuches et d'encombres. Si à ce moment la on n'a pas compris que Devin Townsend nous peint un univers à la manière d'un cinématographe, je vous conseille de reprendre l'écoute depuis le début et de vous laisser envoûter parce que la suite va commencer à dégénérer.

Hear Me balance la sauce dès le départ, dans une ambiance très malsaine. On y retrouve d'ailleurs des structures très propres à Strapping Young Lad tant par l'agressivité que des plans qui pourraient nous faire penser à nos frenchies de Carnival In Coal. Ce titre est clairement un combat féroce, avec tous ses rebondissements ;  ça tabasse, ça martèle, ça hurle, ça se calme, et ça rebalance du riff à foison en pleine face. Du pur Devin, c'est extrêmement bon, puissant, prenant.

Why tranche complètement avec Hear Me, genre welcome in Disneyland, un peu à la manière d'avoir vaincu une abomination et de ressentir un bonheur exacerbé….. Même la pire des raclures se laisse envoûter dans cette ambiance chantante et féérique.

Borderlands nous envoie au p'tit matin, le coq chantant dans une ferme. On se sent au lendemain de quelque chose d'intense. Le besoin de profiter et de vouloir bâtir beaucoup de choses. La rythmique est très entrainante, façon chanson d'école, et toujours ces structures très improbables à coups de samples que seul Devin peut nous balancer de cette manière.

Requiem nous ramène sur la plage, avec une ambiance de plénitude absolue. On sent toute la dramaturgie de ce qui vient de nous être conté avec une lumière qui s'ouvre à nous…. Une lueur d'espoir, plus que cela même.

Et nous voila sur l'ultime titre, Singularity. La synthèse de toute cette aventure. Devin semble conter son histoire à un p'tit bonhomme. Ce qu'il en ressort, c'est de la bienveillance, de la protection….. De l'empathie. Mais comme il se doit, Devin a décidé que dans son histoire Bien et Mal se combattrons encore et toujours, comme s'il voulait nous faire comprendre que rien n'est jamais gagné, qu'il faut toujours se battre…. Alors effectivement il nous rebalance du Dark, du tabassage en règle, du démoniaque, mais aussi, encore et toujours, de l'amour et du bien être en pleine gueule. Le morceau repousse les limites du prog en fait, non pas par la technique mais par sa structure complexe à nous ballader à droite et à gauche dans divers univers et pour finir sur ces mots "Brille pour toujours, Brille en moi, Je brille pour toi…."

EMPATH n'est pas un album comme les autres, il nous fait rentrer littéralement dans un univers peint à la perfection par Devin Townsend. Un sentiment ressort très fort à la fin de l'écoute… Et je vous garantis que je l'ai écouté un nombre incalculable de fois…. C'est un sentiment de bien être, une satisfaction réelle d'avoir écouté tout ça en passant par un maximum d'émotions.

A l'heure où il en est principalement aux compos couplet refrain couplet refrain, Devin Townsend continue de nous distiller son oeuvre, ses histoires, comme lui seul peut nous le proposer…. Encore une claque magistrale pour moi, et filez vite vous laisser embarquer bandes de rêveurs.

Ozenof

 

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