CHRONIQUE DU NOUVEAU TRIVIUM QUI RENTRE DANS UNE NOUVELLE ERE, CELLE DE SON SACRE ULTIME.

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Note de la rédaction :
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CHRONIQUE DU NOUVEAU TRIVIUM QUI RENTRE DANS UNE NOUVELLE ERE, CELLE DE SON SACRE ULTIME.

MATT HEAFY n’est plus le même homme aujourd’hui. Entouré de ses deux acolytes de très longue date, PAOLO GREGOLETTO (basse, choeurs) et COREY BEAULIEU (guitare, choeurs), il a beaucoup grandi, a énormément appris du passé, qui fut pourtant très vite sensationnel pour lui et son groupe TRIVIUM (qu’il fonda en 1999 à Orlando, Floride). Avec deux premières œuvres superbes (qui prétendrait le contraire!) dont la mine d’or légendaire que fut ASCENDANCY (2005), TRIVIUM put très vite headbanger sur la voix royale du succès. Ce qui rappela très vite à MATT ses rêves de  gosse, de fouler un jour les grands stades du monde entier, avec une musique qu’il voyait déjà pertinente et incisive comme ses idoles (on pense surtout à METALLICA). Ce qui malheureusement n’empêchera pas TRIVIUM, au cours d’une carrière pourtant riche de déjà plus de vingt ans, avec maintenant neuf albums, de passer par différents cycles faits de hauts et de bas qui firent trébucher les américains de leur piédestal à plus d’une reprise. La gestion post ASCENDANCY (2005) fut difficile avec des choix artistiques parfois douteux et hasardeux, sans occulter que MATT du se reconstruire vocalement après s’être brisé les cordes vocales en 2014, donnant naissance à la pauvreté que fut SILENCE IN THE NOW (2015).

Pochette de l'Album de TRIVIUM / What the Dead Men say

Pochette de l'Album de TRIVIUM / What the Dead Men say

Indéniablement, il manquait toujours ce petit quelque chose au groupe pour revenir à ses brillantes années, si ce n’est pour les dépasser et les transcender. Mais parfois les erreurs d’hier amènent aux succès de demain. Les remises en questions, la motivation, la discipline de fer que le groupe s’imposa et surtout une rencontre salvatrice, va permette enfin aux américains de se trouver définitivement et de se libérer totalement artistiquement et musicalement. La personne qui changera tout c’est Alex BENT (batteur), incroyable talent qui permit au groupe de solidifier et d’unir leurs forces pour aller encore plus haut. Ce qui amena les californiens à sortir en 2017, le monumental THE SIN AND THE SENTENCE, qui pour beaucoup ne connut aucune faute de goût. Un TRIVIUM dégageant une énorme confiance en lui, une puissance de feu phénoménale, se permettant tout avec une efficacité redoutable et une réussite totale. Un disque réussissant l’exploit de réunir toutes les qualités de ces sept prédécesseurs sur une seule et unique galette, définissant parfaitement ce qu’est le son TRIVIUM. Cette fois-ci pas d’écart de style, ce neuvième skeud, WHAT THE DEAD MEN SAY (2020) s’inscrit dans la parfaite continuité de son prédécesseur en poussant les choses encore plus loin. Mêmes procédés que pour THE SIN AND THE SENTENCE (2017), un groupe très préparé avant d’entrer en studio, répétant inlassablement ses nouvelles compositions créées par l’acharnement du travail collectif de ses quatre membres, un paquet de répétitions avec comme scénariste PAOLO (il a écrit les textes de ces deux derniers disques), disposant d’acteurs surdoués. Une préparation drastique, ne laissant rien au hasard, qui permit aux américains d’enregistrer WHAT THE DEAD MEN SAY en seulement seize jours, pour y capturer ainsi toute l’énergie du groupe. Evidemment toujours en étroite collaboration avec JOSH WILBUR  (KORN, MEGADETH, LAMB OF GOD, GOJIRA, AVENGED SEVENFOLD, tout comme sur THE SIN AND THE SENTENCE), un excellent producteur américain, considéré et à juste titre, par HEAFY comme un cinquième membre du groupe.

 

CHRONIQUE DU NOUVEAU TRIVIUM QUI RENTRE DANS UNE NOUVELLE ERE, CELLE DE SON SACRE ULTIME.

Seul le lieu d’enregistrement changea, un conservatoire de musique près de chez MATT en Californie, où vivent désormais tous les membres du groupe. Un nouvel album grave et très intense, dont les textes semblent inspirés de l’état catastrophique du monde «  catastrophit » et dont le titre de l’album, WHAT THE DEAD MEN SAY fut trouvé à partir d’une nouvelle de science-fiction de PHILIP K. DICK, qui aborde le concept de demi-vie ou d’être « dans un état entre la vie et la mort », comme PAOLO le décrit. TRIVIUM y voit-il une transposition au monde actuel, végétant, entre la vie et la mort ? Son cœur mort, encore fumant, la nature et l’être humain se consumant irrémédiablement, c’est en tout cas ce que disent les morts sur l’artwork de WHAT THE DEAD MEN SAY. Sa musique débute par un court instrumental magnifique  « IX », aux tournures douces et mélancoliques. Puis sortant de ses gonds avec des notes plus amères et tendues, s’imbriquant à la perfection avec la parole des morts, le génial éponyme « what the dead men say » (premier single) qui crucifie sur place avec son côté épique, pourvu d’accélérations débridées black métalleuses, dynamité par les glissés de guitare existantes et la batterie incroyable de BENT (écoutez la variété de son jeu sur «amongst the shadows and the stones », ce type est un monstre). On l’a déjà deviné, WHAT THE DEAD MEN SAY, va défourailler sévère, collant encore longtemps au dents comme nos bons vieux souvenir de mistrals gagnants.

 

On en redemande à foison. Très bien…car le récital ne fait que commencer. Une petite correction infligée à nos tympans en confinement, loin des strass et des paillettes, TRIVIUM émeut avec le superbe refrain de « catastrophit », d’une grande sensibilité, tout en étant méchamment burné. Les composantes principales du son TRIVIUM (d’où son nom), METALCORE, THRASH METAL, HEAVY METAL sont ici dosés à la perfection et pour le meilleur. Même les rares fois où TRIVIUM sonne un peu plus léger, il reste terriblement génial comme sur « bleed into me » intronisé par la basse aigre-douce de PAOLO. Les guitares y sont légères et aériennes, sonnant heavy. TRIVIUM emportant son monde avec un refrain qui risque d’ici quelques temps de tourner sur les ondes radiophoniques US, et espérons, du monde entier. On constatera que MATT n’a jamais chanté aussi bien. Toute la discipline qu’il s’imposa au quotidien pour entraîner, protéger et améliorer sa voix porte enfin ses fruits (ce qui l’était déjà aussi sur son aîné), ce qui est frappant sur les émotions qu’elle véhicule sur « scattering the ashes » ou « sickness unto you ». Franchement a t-il déjà chanté aussi bien ? Assurément non ! Quant à son duo avec COREY BEAULIEU, il s’avère une fois de plus gigantesque. Deux gratteux en complète osmose, s’amusant comme de petits fous surexcités sur « bending the arc to fear » et la fin échevelée de « the ones we leave behind » où leurs instruments sonnent un peu comme les duellistes de notre bon vieux IRON MAIDEN. TRIVIUM fait ce qu’il a envie, s’éclate, et cela se sent à l’écoute de WHAT THE DEAD MEN SAY, malgré des sons et des paroles pourtant très sombres. Les échecs et les succès furent finalement des éléments déterminants l’amenant là où il est aujourd’hui, ayant trouvé, en la personne du batteur ALEX BENT, la perle rare, aussi bien techniquement, musicalement qu’humainement. TRIVIUM semble bel et bien entré dans une nouvelle ère. Une ère de confiance totale en ses musiciens, en son talent et son art, une ère de synthèse où Trivium met toute sa foi et son cœur dans sa musique. L’ère du sacre ultime.

WHEN THE DEAD MEN SAY (ROADRUNNER RECORDS).

LINE-UP:

 

MATT HEAFY: CHANT, GUITARE

COREY BEAULIEU: GUITARE, CHOEURS

AXEL BENT: BATTERIE

PAOLO GREGOLLETO: BASSE, CHOEURS, LYRICS.

 

PAPABORDG POUR LOUD TV.

 

Note: 9/10.

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