A mon sens, on n'a jamais assez parlé de TESTAMENT, qui pourtant fait partie des très grands du THRASH américain (la fameuse BAY AREA) et mondial depuis maintenant plus de trois décennies avec un premier opus désormais mythique THE LEGACY (1987). Comme leurs compatriotes d’EXODUS, et de DEATH ANGEL, ils souffrirent malheureusement de la forte concurrence du futur big four. Pourtant, au regard des derniers albums respectifs de tous ces groupes, ces trois là me paraissent bien plus performants, proposant de vrais bons disques, parfois même des plus jouissifs. L’idée par ailleurs de les réunir en 2020 pour une grosse et belle tournée européenne THE BAY STRIKES BAY 2020 avec à la suite une étape nord-américaine possible fut une idée lumineuse. Malheureusement sur la tournée européenne de nombreux musiciens tels que Chuck Billy ont attrapé ce fameux Coronavirus, mais plus de peur que de mal.
TESTAMENT fait son retour en 2008 avec THE FORMATION OF DAMNATION (2008) neuvième opus, neuf ans après le précédent et énorme THE GATHERING (1999). PAPABORDG ne fût pas complètement convaincu par le retour des californiens, pas plus par le suivant d’ailleurs DARK ROOTS OF EARTH (2012). Cependant je fus d’avantage conquis par BROTHERHOOD OF THE SNAKE (2016) plus varié, plus fracassant à la production clinquante. La meilleure œuvre du groupe dans leur discographie plus récente (depuis 2008), mais évidemment sans y atteindre l’état de grâce des vieux disques. Quatre ans après, notre quintette de luxe (quel line-up, mon dieu!) emmené par un CHUCK BILLY (chant) très en forme, revient sur le devant de la scène métallique avec son douzième skeud: TITANS OF CREATION. Douze morceaux (58m34s) dont la production est toujours l’œuvre de JUAN URTEAGA (EXODUS, HEATHEN, MACHINE HEAD) au TRIDENT STUDIO dans la ville de MARTINEZ en Californie. L’opus a été mixé une nouvelle fois par le producteur britannique ANDY SNEAP (ACCEPT, ARCH ENEMY, CRADLE OF FILTH), qui est aussi actuellement le guitariste rythmique de JUDAS PRIEST en live. Une association béton renouvelée, conférant un son solide, net, clair et surpuissant à TITANS OF CREATION, tout comme l’était son prédécesseur.
Pour ce qui est du concept, TESTAMENT aborde la mythologie grecque, la création des titans, première génération divine issue de l’union d’OURANOS et GAIA, OURANOS étant le premier maître du monde. La pochette de Titans Of Creation a été réalisée par l’artiste et collaborateur de longue date Eliran Kantor (depuis 2008 signe les œuvres graphiques du band) qui a déjà travaillé avec ICED EARTH, SODOM, HATEBREED, SOULFLY et THY ART IS MURDER entre autres.
Côté musique, cette nouvelle œuvre se veut différente de son aîné qui était plus agressif, « extrême », contenant même certains des titres les plus rapides joués par TESTAMENT à ce jour. Avec TITANS OF CREATION, la musique des américains se veut à la fois, plus fine et inventive aussi bien que dévastatrice. Les structures laissent apparaître des éléments plus progressifs. Surtout sur la deuxième moitié du disque, où TESTAMENT se veut plus lent mais tout aussi féroce et méchant. C’est ce qui fit de TESTAMENT au temps de sa gloire immense, un gang à l’assise unique. Toutes les nouvelles chansons sont très bonnes, bien plus que ça d’ailleurs, possédant leur identité propre, où le processus de composition a été facilité, moins douloureux et plus rapide, ce qui se ressent amplement. TESTAMENT y délivre toujours des hymnes THRASH inclassables comme sur la monumentale ouverture du disque avec « children of the next level » avec ses leads débridées et furieuses. On pense plus à un tube HEAVY/THRASH sur le morceau qui suit « ww III » qui affiche un refrain juste GENIAL. Impossible de laisser sa tête bien en place sur le riff insaisissable de « night of the witch » (ERIC PETERSON apportant une voix black métal en plus) avec des variations vocales de BILLY qui font peur, pour finir dans un bon gros refrain reprit en cœur. Les soli déclenchés par la paire SKOLNICK/PETERSON sont juste HALLUCINANTS (comme tout ce qu’ils font sur l’album, tant en riffing, qu’en solo). ENORME, INCROYABLE, TITANESQUE, TITANS OF CREATION, ne paraît pas être une création humaine, mais plutôt toujours touché par la grâce et la force de la divinité!
TESTAMENT prenant encore une toute autre dimension lorsque les notes se veulent moins folles et plus posées (à partir du cinquième morceau). Ce qu’il perd en énergie (et encore), il le gagne en profondeur et en qualité de composition comme sur le fabuleux « city of angels » où STEVE DI GIORGIO (basse), nous gratifie d’un solo de basse pur jus (avec pédale wha wha, comme sur l’intro de « code of hammurabi »). Ce dernier est d'ailleurs très vite mis de nouveau à contribution, sur l’entrée en matière de « Ishtars Gate ». On tutoie les sommets sur « symptoms », lourd, écrasant tout ce qui peut obstruer son passage vers son refrain mortel, repris à tue-tête, CHUCK y glissant un malin growl caverneux. Le chant de Chuck est d'ailleurs plus thrash sur ce nouvel album des Californiens, et les voix death très présentes, notamment sur l'album Demonic sorti en 1997.
Le travail est colossal et hors-normes des musiciens, et en particularité des deux guitaristes : il n'y a qu’à écouter ce qu’ils sont capables d’envoyer sur « the healers » (évoquant le combat contre le cancer qui toucha notre chanteur préféré). Riff d’entrée jubilatoire (GEORGES LYNCH à sa période la plus heavy sur BACK FOR THE ATTACK (1988)), et soli bourrés de feeling, se mouvant sur des notes aux touches presque bluesy. TESTAMENT nous impose sa chanson la plus méchante à la fin avec « curse of osiris » avec la voix criarde de PETERSON (cela aurait servir à son projet black metal DRAGONLORD !) se mélangeant aux blasts très rapides de GENE HOGLAN (batterie). L’histoire homérique s’achevant sur le court instrumental et symphonique « catacombs ». Et bien, si on m’avait dit à quoi je devais me préparer, j’aurais pris une armure en titane, le marteau de THOR, pour me protéger de la force inébranlable, la démesure, des premiers TITANS qui semblent animer TESTAMENT sur l’intégralité de toute sa nouvelle œuvre, flirtant avec les génies des plus grands albums de THRASH METAL, balayant d’un revers de main ses trois dernières offrandes. TITANS OF CREATION FERA DATE….. NOTE: 9/10.
LINE-UP:
CHUCK BILLY: CHANT
ERIC PETERSON: GUITARE, CHŒURS
ALEX SKOLNICK: GUITARE, CHOEURS
STEVE DI GIORGIO: BASSE, CHOEURS
GENE HOGLAN: BATTERIE
PAPABORDG POUR LOUD TV.