Chronique de l’album de CARACH ANGREN : MONSTERS

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Note de la rédaction :
/5
Chronique de l'album de CARACH ANGREN : MONSTERS

Plus question de faire demi-tour, après une longue marche à travers bois dans une nuit si froide et ténébreuse, j’y suis enfin arrivé ! Tout tremblotant de peur, les dents s’entrechoquant par l’anxiété, ma frêle silhouette se tient là désormais devant cette énorme et grande porte noire où trône un nom en lettre de feu, l’antre de CARACH ANGREN me tend les bras. Malgré toutes les recommandations de ne pas y entrer sur mon chemin, je me sens irrésistiblement attiré, comme happé par la pensée du nouveau monde horrifique où les Hollandais veulent me plonger. Peu sûr de mon pas, mais déterminé psychologiquement, j’avance pour franchir cette entrée où le chiffre 6 semble se dresser devant moi avec cette inscription: WELKOM BIJ CARACH ANGREN DIE JE PRESENTEERT FRANCKENSTEINA STRATAEMONTANUS. J’y trouve un livre du même nom très curieux, FRANCKENSTEINA STRATAEMONTANUS, tout poussiéreux, sentant encore la cendre froide de onze nouveaux périples fantastiques.

Chronique de l'album de CARACH ANGREN : MONSTERS

Des voix spectrales, brumeuses et orageuses semblent s’échapper dès l’ouverture de l’ouvrage. Elles s’identifient, SEREGOR, ARDEK, NAMTAR, sommes-nous, les trois entités s’adressent à moi, dans le même tempo, mais avec une tessiture différente, comme une musique en parfaite harmonie, juste sombre et maléfique. Plonge ton œil, fils du metal, dans notre sixième cauchemar musical qui fut rêvé par notre frère ARDEK, viens y goûter le sang de la grandeur et la folie sonore de CARACH ANGREN. Viens à nous fils du metal, ta soif sera exaucée. Ma curiosité est telle, que l’excitation produit, envahit ma chair comme un cocon imperméable qui détruit toutes formes de rejet, et de rébellion. La question ne se pose même plus, ma main ferme mais comme adoubée par celle d’une autre, m’invite alors à ouvrir FRANCKENSTEINA STRATAEMONTANUS. Une gravure étrange s’y trouve en première page. Une photo représentant la panoplie d’un homme de science, sans doute un alchimiste, faisant des expériences. Une signature s’y trouve, STEFAN HEILEMANN, avec un petit texte explicatif. Je cite « en mémoire à JOHANN CONRAD DIPPEL, théologien, alchimiste, médecin allemand, né le 10 août 1673 au château FRANKSTEIN près de Darmstadt et mort le 25 avril 1734 au château Wittgenstein près de Berleburg ». Nous te dédions ce CONCEPT dont l’idée fut reprise par MARY SHELLEY il y plus de deux cent ans sous le nom de FRANKSTEIN DE FRANCKENSTEINA. Mais c’est toi qui fut à l’origine du personnage de VICTOR FRANKENSTEIN. CARACH ANGREN.

A la lecture à voix haute de ces mots, le livre dégage une lumière si intense, qu’elle m’éblouit un court instant, me transportant sur un manège désenchanté où trois personnages fort grimés semblent interpréter une danse macabre en se désarticulant au milieu d’une foule peu conventionnelle. Il tourne, il tourne, comme nous tous, nous enivrant d’un breuvage rouge tels de vulgaires marionnettes dont le maître tire les ficelles aussi sur de petite histoires complétant le concept de base, comme avec ce titre allemand « Der Vampir von Nürnberg » faisant référence au vampire de NUREMBERG. Un homme nécrophile, du nom de KUNO HOFMANN. Ce dernier tua deux personnes en leur tirant dessus à bout portant, puis se délecta du sang d’une de ses victimes, en pensant gagner la vie éternelle.

Nos trois acolytes se nourrissent d’une musique tour à tour rapide puis valsante, jusqu’à l’arrêt presque complet du jouet (le manège), puis relancé par des louanges qui s’adressent à l’hideux humain. Tout finit par s’éteindre paisiblement sur un dernier râle d’une voix monstrueuse à la bouche béante prête à vous dévorer. Je le sens, KUNO est là, au milieu d’une masse informe, où seul de nombreuses billes rouges me fixent. Un nom est scandé par les hollandais, « Franckensteina Strataemontanus », une marche mécanique s’installe, avec piano, puis gros riff, les yeux rouges bougent, s’agitent, virevoltent, comme des fous sur un sublime refrain guerrier au chant clair. Une courte frénésie (les yeux rouges) où chaque élément reprend place à sa fin, en se figeant. Le silence est court, interrompu par quelques douces notes de xylophone et de violon, pour fendre l’air d’un fracas de tambour impressionnant accueillant un chant horrifique crachant son feu allemand, invoquant les monstres « monster » qui commencent à prendre forme et lumière sous mes yeux effarés. C’est alors qu’une ligne de basse lugubre résonne, avec des rires sarcastiques me transperçant les oreilles, une cérémonie est invoquée sur « the necromancer », les morts me communiquant toutes leurs pensées infâmes. Formes et lumières deviennent cadavres se mettant à s’articuler comme des âmes égarées sous un riff glissé et très aiguisé.

Chronique de l'album de CARACH ANGREN : MONSTERS

La musique de CARACH ANGREN semble avoir le pouvoir de vie et de mort sur son auditoire malfamé, et à l’esprit vide comme la mort. Un trio souverain laissant malgré tout son HORROR FEST se fissurer par le romantisme déployé sur « Sewn for Solitude » qui pourtant ne décolère pas, imposant toujours un rythme très soutenu. NAMTAR y jouant vite et fort, comme une pieuvre touchant à tout, sur des triggers parfois trop assourdissants. Mais CARACH ANGREN tournoyant toujours sur la spirale de l’enfer laisse son nouvel invité NIKOS, mener l’exaltation de son violon frénétique sur des choeurs masculins imposants, un deuxième éclair de voix clair se laissant porter par une sculpturale symphonie. A cet instant, l’ignominie devient contemplation pour moi. La contemplation faisant place à la possession sur le mid-tempo grondant « Operation Compass », CARACH ANGREN sonnant la marche militaire de ses démons. Atterré, je ne vois plus ce monde fantomatique qui me faisait face depuis le début. Cherchant en vain, mon corps ne fait que léviter, comme porté par de nombreuses mains. Maintenant cet univers maladif est moi, comme sommeillant, équipé-suis je, la meute me suis pour partir en guerre sous les ordres d’un Romain qui fut empereur jadis (FREDERIC II, empereur du SAINT-EMPIRE), aux expériences douteuses et morbides sur « Frederick's Experiments ». Des choeurs clairs Jubilatoires se partagent sur une frénésie rythmique redoutable. La suite n’est qu’une immense accélération cardiaque me transportant à une vitesse sidérale, dans un espace temps bien connu, celui d’un monde bien plus familier, très routinier, mais tout aussi laid et beau que celui précédemment visité. J’entends au loin de magnifiques notes de piano amenant une vague symphonique me submerger, d’une telle beauté que les larmes me viennent à couler. « Like a Conscious Parasite I Roam » me réveille dans mon quotidien parfois si triste et monotone. Pourtant, face à la glace, le regard bleu a laissé place à des yeux d’un rouge vif, et sur mon large thorax y est inscrit un message lumineux: CARACH ANGREN REVIENDRA TE CHERCHER.

Chronique de l'album de CARACH ANGREN : MONSTERS

FRANCKENSTEINA STRATAEMONTANUS (SEASON OF MIST).
 
LINE-UP: 

SEREGOR: CHANT, GUITARE
ARDEK: CLAVIERS, CHOEURS

Tracklist

01. Here In German Woodland
02. Scourged Ghoul Undead
03. Franckensteina Strataemontanus
04. The Necromancer
05. Sewn For Solitude
06. Operation Compass
07. Monster
08. Der Vampir Von Nürnberg
09. Skull With A Forked Tongue
10. Like A Conscious Parasite I Roam
11. Frederick’s Experiments (bonus track)

Le concept du nouvel album est tourné autour de JOHANN CONRAD DIPPEL, à l’origine du personnage de VICTOR FRANKSTEIN. L’album a été mixé et masterisé par ROBERT CARRANZA. L’artwork est l’oeuvre de STEFAN HEILEMANN.

Par ailleurs le batteur NAMTAR (il a enregistré toutes les parties de batterie de FRANCKENSTEINA STRATAEMONTANUS et a participé à son élaboration) avait récemment annoncé son départ du groupe.

Collaboration studio: NIKOS MAVRIDIS VIOLON

PAPABORDG POUR LOUD TV.

Note: 9/10.

Retrouvez notre interview avec CARACH ANGREN ici en Version Originale sous titrée en Français ici :

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