EXCLU – Interview avec NECROWRETCH pour l’album The Ones From Hell

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EXCLU - Interview avec NECROWRETCH pour l'album The Ones From Hell

C'est au Hellfest Corner, rue Quincampoix à Paris ou nous avons eu le plaisir d'interviewer Vlad, chanteur et guitariste du groupe de death metal français Necrowretch en fin d'année, pour nous présenter leur prochain album "To Ones From Hell" disponible le 14 février prochain.

EXCLU - Interview avec NECROWRETCH pour l'album The Ones From Hell

Bonjour Vlad ! Au regard de votre discographie, on voit que vous n'êtes pas avares en termes de disques, depuis 10 ans vous avez pas mal de sorties au niveau des disques, des cassettes etc. On peut dire que vous avez l'inspiration facile ?

C'est vrai qu'on a fait pas mal de sorties avec le groupe, quasiment une par an. On a essayé de toujours faire entre les albums, des EP ou alors un album live comme l'année dernière, on essaye de toujours faire une transition et ne pas passer d'un album à l'autre. Le groupe est constamment en train d'écrire de nouveaux morceaux et de prendre toujours du temps, même si avec To Ones From Hell nous avons pris plus de temps que d'habitude, car cela fait trois ans qui séparent les deux disques et nous voulons vraiment ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire du groupe avec cet album.

Pourquoi tu estimes que c'est un nouveau chapitre ? Il y a de nouveaux membres ?

Alors, oui il y a de nouveaux membres. Mais le groupe a passé la première décennie, on sent qu'on a fait la quintessence de ce death metal old-school avec Satanic Slavery qui est sorti en 2017, par la suite nous n'avons pas voulu faire une deuxième partie, on a voulu faire quelque chose de différent, qu'il soit autant death ou black, chacun se fera son propre avis. On veut faire une création qui soit vraiment personnelle, que ce soit autant dans la composition de l'album, la production, l'artwork, les photos etc. On veut rentrer dans quelque chose qui ne soit pas dans le cliché des groupes habituels, faire quelque chose de plus "Necrowretch" tout simplement.

Aujourd'hui c'est un anniversaire funeste, qui a eu lieu il y a 18 ans, jour pour jour, la mort de Chuck Schuldiner (chanteur et guitariste du groupe Death). Vous avez sorti l'EP "Now You're In Hell" a l'occasion du dixième anniversaire de sa mort, j'imagine qu'il a été une influence pour vous ?

Bien sûr, comme tous les fans de Death je pense. C'est une influence majeure, c'était un musicien hors-pair, il a senti qu'il avait fait le tour avec ses anciens disques, il s'est renouvelé et a été énormément copié, il a fait de nouvelles choses et ensuite il s'est dirigé vers un death metal un peu plus mélodique.

EXCLU - Interview avec NECROWRETCH pour l'album The Ones From Hell

L'artwork de la pochette de l'album est plus moderne, comparé a votre musique qui sonne beaucoup plus old-school..

Je ne sais pas si c'est moins old-school, mais en tout cas c'est moins cliché, ce qui, finalement est un peu lié. Souvent sur les pochettes de disques de metal extrême, on connait la musique avant d'avoir écouté, on se dit que ça va être du brutal death, du black. Nous avons voulu faire quelque chose de plus différent, pour que les gens se disent "qu'est-ce que c'est ? Il n'y a pas de logo de groupe etc." on voulait quelque chose de simple, mais il faut aimer le risque et surprendre, c'est ce qu'on voulait avec ce disque.

Comment s'est passé la composition de l'album ?

Du début à la fin, je me suis dit que j'étais sur le chapitre final, sur la fin de l'histoire, on voulait terminer avec le titre le plus violent à la fin, qui rappelle les démos du groupe, une sorte de clin d'oeil pour les fans qui nous suivent depuis la première heure. La composition a été faite un peu différemment et dans la composition du disque, on est parti dans un délire de percussions, avec des guitares acoustiques, des choeurs, mais toujours de façon très diabolique. On voulait voir comment sonnait une mélodie black death classique si on la jouait sur une guitare acoustique, avec des gammes orientales.. Et le résultat est génial, c'est forcément une prise de risque qui va déconcerter l'auditeur, mais c'est beaucoup plus intéressant en terme de composition et d'écoute. Les gens qui l'écoutent se disent "Ah oui, il s'en passe des choses !" et pas juste des titres qui s'enchaînent.

Quand tu parles de l'écriture du disque, on a l'impression que tu décris le processus d'un livre, la façon d'interpréter les chapitres…

C'est exactement ça, un peu comme une situation initiale, un élément perturbateur et une conclusion, avec un champ lexical qui est propre à chaque titre, les chapitres sont différents, mais le vocabulaire lit l'ensemble de l'oeuvre. La gamme reste la même, l'ensemble reste homogène mais n'est pas une ligne identique, donc oui c'est une sorte de voyage.

Où l'album a-t-il été écrit ?

L'album a été écrit a Instanbul, en Turquie. Et on a enregistré l'album en Belgique par la suite, on a passé du temps, là-bas pour faire toutes les prises de son, ensuite on a envoyé le mix aux États-Unis pour avoir un son assez massif, sale mais puissant.

Pourquoi avoir changé les équipes de production ?

Tout simplement, car nous ne voulons pas devenir un cliché de nous-mêmes, que ce soit en terme d'artwork, de photos, de tout. On a toujours fait le pari de ne pas travailler avec les mêmes équipes de A à Z, je n'ai pas envie de ça pour Necrowretch, j'ai envie d'avoir un nouveau disque et pas un disque chapitre.. Et tant pis s'il y a eu des disques où la production a souffert, il y a toujours des points positifs et négatifs. On apprend des choses avec d'autres personnes également et c'est bien de voir leur vision des choses, comme par exemple, pour représenter une musique infernale, ce n'est pas la peine d'avoir forcément une pochette avec 150 000 détails pour faire comme Iron Maiden par exemple.

EXCLU - Interview avec NECROWRETCH pour l'album The Ones From Hell

Quand tu parles du côté infernal, c'est un peu la première pierre à l'édifice de ce nouvel album …

C'était le concept du groupe avant tout, cette fois il est exprimé de manière infernale qui quitte le monde judéo-chrétien a laquelle on est confronté d'habitude, mais le cercle du groupe, c'est notre vision du monde, notre vision des enfers, des démons, notre vision de la partie la plus sombre de l'être humain et c'est nous qui racontons l'histoire, nous sommes des narrateurs.

Le fait d'écrire l'album en Turquie, c'est une vision différente, à travers plusieurs cultures … c'est ça qui est intéressant !

C'était un exercice très intéressant, le contexte dans lequel tu es, la situation qui t'entoure, la façon dont laquelle la journée se passe, l'influence se projette directement au moment où tu es en train de créer, que ce soit une peinture, une chanson etc. Tu as une vision différente du monde avec cette influence et c'est ça qui rentre directement dans la musique. Aller à la croisée des mondes, ça donne directement un autre album et je me vois déjà pour les futurs albums, continuer sur ce principe, arriver dans un monde qu'on ne connait pas et faire de l'artistique.

C'est le fait de perdre ses repères, tu perds en confort et du coup tu te mets un peu plus en danger..

Oui et puis tu n'es pas confronté aux contraintes du quotidien, tu ne comprends même pas ce que raconte les gens, même si ça reste du metal extreme, ça ne va pas aussi loin que d'autres groupes qui sont puissants dans leur manière de jouer, l'album n'aurait pas été le même si mon état d'esprit était comme celui des albums précédents.

Comment as-tu été inspiré pour les paroles ?

Pour les paroles, c'est encore une fois notre vision des choses. On prend des textes de l'Antiquité et on prend des anciennes incantations de religions oubliées du monde oriental au sens large et on veut les rendre diaboliques, c'est une super idée. On est dans quelque chose de mystico-satanique, c'est assez personnel, si un auditeur regarde les textes s'il regarde les références, a moins d'être calé dessus, il risque de ne pas forcément comprendre. Je sais qu'on m'avait fait la réflexion une fois, en m'expliquant que tel groupe avait étudié l'ancien testament, du coup leurs paroles sont véridiques..Non, il n'y a pas d'ambassadeur, ce n'est pas eux qui ont le monopole du satanisme, en soit, chaque personne va exprimer la noirceur, le nihilisme à sa manière, chaque personne a un parcours différent et une envie de l'exprimer, ce n'est pas le monopole du monde judéo-chrétien de faire du black metal, on peut l'exprimer d'une autre façon et c'est ce qu'on a voulu chercher à travers cet album.

Certains groupes jouent sur ce cliché d'ailleurs …

Oui voilà, il y a une partie de la scène. Nous c'est surtout dans le côté artistique que nous voulons le retranscrire, tu viens voir Necrowretch en concert, l'ambiance va être différente.

Est-ce que le groupe possède une reconnaissance plus présente à l'étranger qu'en France ?

Je ne sais pas si je pourrais dire plus connus à l'étranger, on a beaucoup de fans en France, on est un groupe français, on a toujours beaucoup joué en France, aussi à l'étranger, on a une fanbase dans des pays obscures..c'est moitié-moitié, je ne saurais pas te dire, je n'ai pas les statistiques sous les yeux, mais on a beaucoup de fans ici et a l'étranger. Il y a certains pays où territoires, ou les gens sont plus réceptifs à cette musique, il y a des territoires qui sont saturés de tournées de black et death, ou les gens s'en fichent, car il y a en a un autre la semaine suivante, alors que d'autres, il faut attendre un an après donc ça devient un évènement..

Comme la Malaisie par exemple !

Voilà, comme la Malaisie ! (rires) On retournera jouer dans des pays d'Asie, c'est toujours très intéressant d'aller jouer là-bas, de rencontrer des fans de cette musique d'une autre culture et qui voit les choses d'une autre manière totalement différente, ça reste quelque chose d'interdit et d'incroyable, en concert. Et puis les gens sont heureux de nous rendre cette énergie, ils sont contents de nous voir en concert, en nous remerciant de venir d'aussi loin, alors que c'est nous qui devrions les remercier. Et c'était le plus enrichissant pour moi, même si j'adore jouer en France, avec toutes ses dates, mais dans les petits pays d'Asie, c'est les expériences les plus enrichissantes en concert, on ressort d'un show et on apprend même des choses sur soi, on revient avec un état d'esprit assez différent.

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Avez-vous des clips prévus ?

On a beaucoup d'idées, oui. On espère pouvoir produire un clip, mais c'est une grosse préparation, on n'a pas envie de faire quelque chose avec un côté trop amateur, on veut prendre notre temps sur l'endroit où le clip sera filmé, ce qu'on projette comme idées, on essaye de savoir si ce sera nous en train de jouer avec des guitares ou alors si on exprime quelque chose de différent, avec des jeux d'ombres, du noir et blanc.. Il faut que cela colle avec la musique et c'est donc en projet, mais je ne peux pas encore donner de date.

Justement, si on parle du groupe Behemoth qui a ouvert certaines portes, notamment au niveau du visuel, ils poussent le principe au maximum..

Oui c'est vrai et ils ont quasiment un clip par titre. Il y a une vraie exploitation de l'image et du son, c'est aussi pour montrer plus, montrer l'univers de son groupe, maintenant les gens connaissent l'histoire du groupe et son visuel surtout grâce aux clips et si le temps et les moyens nous le permettent, on a aussi envie de montrer aux gens qu'est ce qu'est l'univers de Necrowretch, en plus des morceaux, de savoir ce que nous avons voulu retransmettre et ce qui se passe dans notre cerveau.

Et comment se passe le côté scénique ? Tu ressens une vraie alchimie ?

Faire de la musique extrême, je peux dire que c'est à la portée de chacun, mais ce n'est pas un exorcisme qui est insurmontable, mais il faut bosser derrière, il y a beaucoup de formations qui font de la bonne musique, qui ont la même attitude que sur les photos, si c'est un projet live, il va falloir bosser derrière et ne pas arriver avec un projet bancale. Il y a beaucoup de formations, qu'on voit dans les festivals, certaines formations cultes et qui sont assez pitoyables, car les mecs ne bossent pas, ils ne se posent pas les bonnes questions et ne réfléchissent pas, si on prend l'exemple de Behemoth, le spectacle est millimétré, on est vraiment dans quelque chose de théâtrale, il y a un vrai boulot, les lumières se coupent a tel moment, les mecs sont des bêtes de travail et ca match.

Vous avez beaucoup de dates en 2020 ?

C'est une grosse année en perspective, en sachant qu'en 2019 c'était principalement une année de production et de préparation, on a fait très peu de concerts, c'était surtout la préparation du disque et la promo. En 2020 c'est la sortie de l'album en début d'année, le Hellfest, une tournée avec des dates en Europe, une tournée en Asie en prévision.. On continuera aussi à travailler en parallèle sur de nouveaux morceaux pour un futur nouvel album.

Necrowretch sera en tournée européenne avec TAAKE & KAMPFAR en mars et avril 2020

Necrowretch sera en tournée européenne avec TAAKE & KAMPFAR en mars et avril 2020

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