Interview avec GOHRGONE

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Qui aurait pu penser que le la mythologie grecque était soluble dans le Métal ? Que les dieux de l’Olympe et du Death s’accoquineraient pour donner naissance à un groupe musical débordant de puissance et de fureur ? C’est de cette courbure de l’espace-temps, et de la volonté de ses fondateurs d’envoyer des ondes sonores percutantes et acérées qu’est né Gorhgone. Revenus du fin fonds des Enfers, pour se déchaîner sur scène, le groupe conjugue avec talent et bonheur un blackened death métal teinté de modernité.  Poursuivant sans relâche, l’histoire emblématique de Médusa, le nouvel album du groupe illustré par ce premier clip, nous rapporte du fin fond des âges, une épopée à l’ambiance lourde et tourmentée. Très, très loin de nos cours d’histoire d’antan …

Interview avec GOHRGONE

Vous avez sorti votre nouveau clip extrait du dernier opus. Quel en est le scénario et comment cet extrait s’inscrit-il dans le schéma de l’album ?

Thomas : Salut Anne, ce titre reflète parfaitement notre approche du mythe de Persée, qui est sur la même ligne tout au long de l’album. En effet, nous cherchions à souligner le fait que Persée, représenté comme un héros dans l’imaginaire collectif, n’est en réalité qu’un opportuniste prêt à tout pour arriver à ses fins.
Dans Weak Ones Deceived, il s’en prend aux Grées, trois sœurs qui ont un très lourd handicap. Elles n’ont qu’un seul œil et une seule dent pour trois. Il les agresse et leur subtilise leur précieux œil. Elles sont totalement à sa merci. Il les menace violemment pour leur soutirer de précieuses informations qui vont lui permettre plus tard d’assassiner Médusa. Un charmant personnage en somme !

 

Il est produit par le groupe et réalisé par Eddy votre guitariste. Comment l’avez-vous conçu et tourné ?

Eddy : On a l’ambition depuis longtemps de sortir des clips et de vouloir mettre un visuel sur nos sons.  On voulait absolument le faire par nous même pour garder l’entière maitrise de l’identité de Gohrgone.
Mais ce n’est pas forcément évident d’arriver à représenter un scénario de la mythologie grecque de manière authentique et réussie.
Avec Weak Ones Deceived et ce qu’il représente, on s’est dit que c’était faisable, même si ça représentait un gros challenge.
Partant de ça, le scénario était déjà tracé. Il s’agit purement et simplement des paroles du morceau. On s’est entouré de connaissances et amis pour jouer et faire office d’acteurs (un énorme merci à eux). On a développé tout ce qui était décor, costumes, maquillage, accessoires, le tout à l’image de ce qu’on voulait donner.
Le tournage s’est fait assez naturellement avec des rôles alloués à chacun en guise d’équipe de tournage et on a adoré prendre ces rôles-là !
Une chose est certaine, ce ne sera pas le dernier !

 

Vous l’avez présenté en avant-première à vos fans, c’est important d’avoir une fan-base active dans la vie d’un groupe et que représentent-ils pour vous ?

Chris : véritablement les fans sont un gros leitmotiv. C'est eux qui nous poussent à toujours vouloir faire mieux. Avec beaucoup, c’est devenu plus une relation amicale qu’une simple relation groupe/auditeur.

Olivier : On a les meilleurs fans du monde !!! Tu connais beaucoup des groupes avec des fans qui achètent des parpaings porte-clefs ?!? Hahaha

Justement, puisque tu en parles : c’est quoi cette histoire de Parpaing ?                                   

Olivier : A la base, c'est un délire qu'on avait dans Scolopendra, (groupe dans lequel officient également Thomas et Olivier NDLR). On s'imaginait le fan métalleux hardcore ultime, prêt à tout démolir dans la fosse à coup de moulinets de parpaings, le bien nommé « Jean-Pierre Parpaing » haha ! Un soir en répète avec Gohrgone c'est ressorti. Je crois que c'est Chris qui a eu l'idée de transformer le concept en véritable élément du merch. De plus, le parpaing est synonyme de lourdeur, ce qui collait parfaitement aux riffs de Gohrgone. Voilà l'histoire est aussi simple que ça et on fait même des parpaings girly maintenant !

  Chris : Effectivement j’en assume la paternité haha. Plus précisément, on s’est dit que ce serait ultime de              réussir à vendre au merch un objet bourrin à souhait et surtout parfaitement inutile. J’ai toujours en tête les        mecs qui nous ont acheté ça en concert et qui le lendemain nous ont envoyé un message genre « génial le      parpaing, par contre putain j’ai misèré avec dans le RER et on me regardait chelou »

Olivier : Au final pas si inutile que ça puisque ça nous sert de support pour dédicacer. On peut aussi y accrocher ses clefs ou commencer à construire une baraque héhé
 

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C’est votre 3ème album, il a comme thème l’histoire de Médusa et Persée, comment l’avez-vous écrit et composé ?

Chris : Tout d’abord nous avons instauré tous ensemble le thème que nous voulions partager et établi la manière dont nous allions en parler. Nous voulions raconter l’histoire de Persée et de Médusa, en montrant qu’elle était plutôt une victime des dieux et des hommes

Eddy et moi nous chargeons en majorité des compositions. C’est vrai qu’en tant que fondateurs du groupe, on s’est gardé un peu la primauté dans ce domaine. Mais nous présentons les morceaux à tout le monde et nous prenons en compte toute proposition de modifications ou desiderata de chacun.

Thomas : On s’est partagé le boulot pour l’écriture des textes Olivier et moi. Faire un concept album avec une cohérence chronologique n’est pas une mince affaire. On a pris comme ligne de conduite de faire épouser le mythe de Persée à la tracklist de l’album.

Olivier : C’est vrai qu’écrire un concept album c’est un petit challenge : chronologie, temps à respecter, rouage clef de l’histoire etc… Mais Thomas et moi n’en sommes pas à notre coup d’essai puisqu’on a déjà écrit un concept album avec Scolopendra. C’est le deuxième avec Gohrgone, la machine est plutôt bien huilée maintenant. Ce qui est dommage c’est que trop peu de gens prêtent attention aux textes. Sûrement parce qu’on ne comprend pas toutes les lyrics de prime abord à cause du chant hurlé. Personnellement ça a toujours été une partie importante dans la conception d’un album. Les paroles peuvent transcender la musique et inversement si tu y prêtes attention. On a de très belles plumes dans le métal comme Phil Anselmo, Peter Steele ou Lemmy pour ne citer qu’eux. Tu trouves facilement des lyric vidéo amateurs sur youtube pour pouvoir se pencher sur les textes, alors pourquoi s’en priver ?

Vous puisez votre thématique dans l’Antiquité ? Est-ce que le 21ème siècle n’était pas assez intéressant ?

Chris : A la base on voulait traiter d’un sujet qui nous plaisait et rapidement la mythologie grecque s’est imposée. Bien que concernés par ce qui peut se passer actuellement, nous voulions créer une musique qui n’a pas d’ancrage politique, religieux ou idéologique actuel. Chacun peut se retrouver dans Gohrgone.

Thomas : La mythologie Grecque parle de personnages à la psychologie complexe et torturée. Il est question de rapport de forces, de volontés antagonistes, de violence, de déviance, de vice, de trahison et parfois de vertu. Les mythes sont des allégories des relations humaines et comme le dit Chris, ça a un côté universel et intemporel.
 

Si l’antiquité vous inspire, quelles sont vos racines musicales, et comment définiriez-vous votre style ?

Chris : Notre style a beaucoup évolué au cours de nos trois albums. Plutôt deathcore au début, nous gravitons à présent dans un univers plus sombre qu’est le blackened death. Cela n’a pas forcément été voulu, mais cela colle plus à ce que nous voulons faire passer et nous permet d’exprimer un panel émotionnel plus important.

Olivier : On garde la puissance d’un death bien groovy avec le côté émotionnel et mélancolique du black. Comme le dit Chris, ça n’a pas été forcément voulu mais ça a naturellement muté ainsi et c’est le style qui nous plait aujourd’hui

L’artwork de l’album est magnifique, qui l’a conçu et comment inscrivez-vous le visuel dans votre démarche artistique ?

Eddy : Pour l’artwork de nos albums on passe par Pierre-Alain Durant de 3MMI depuis le deuxième album. Il est important pour nous que le visuel représente au mieux le thème de chaque album, et Pierre-Alain a un talent et une vision des choses qui nous correspond parfaitement

Il s’est écoulé deux ans et demi entre Finis Ixion et In Oculis. Pourquoi ce délai ?

Thomas : On a voulu faire un album plus consistant pour ce troisième opus avec plus de morceaux et avec en vedette l’iconique Médusa. On a pris le temps de faire les choses bien. Pour Finis Ixion on a voulu faire un album plus court et on l’a sorti plus rapidement car la direction musicale et le line up avaient changé peu de temps avant.

Interview avec GOHRGONE

Comment allez-vous le défendre ? N’est-ce pas un peu plus compliqué sans structure pour vous soutenir ?                               

Olivier : il faut bien avouer que sans un carnet d'adresses bien garni c'est un travail de longue haleine. Ça nous prend pas mal de temps en démarches et recherches évidemment, mais on s'y colle. Le fait est qu’il y a eu incompatibilité de calendrier avec notre ancien label. Il nous proposait une date de sortie bien trop tardive d’où le fait d’avoir sorti In Oculis en indé. Peut-être qu’on se repenchera sur un label pour le prochain
 

Vous dégagez beaucoup d’énergie sur scène, de la hargne, beaucoup d’interaction avec le public, est-ce une forme d’exutoire pour vous ?

Olivier : Pour ma part je me donne toujours à 200% sur scène car lorsque tu as un public qui te rend cette énergie tu te dois de transpirer à grosses gouttes haha !!!

Thomas : Le live est la consécration de tout notre travail, et entrer en connexion avec le public ça te fait rentrer dans une espèce de trance. Moi perso, la scène c’est un des moments où je me sens le plus à ma place, comme à la maison.
 

Thomas, tu es le chanteur du groupe, comment ta voix a-t-elle évolué depuis tes débuts et comment la fais-tu travailler ?

Thomas : Ma voix a effectivement pas mal évolué entre les deux derniers albums. J’ai pris des cours particuliers à l’époque de Finis Ixion et le temps que le travail arrive à maturation en répète, il s’est écoulé du temps. D’autre part mon autre formation Scolopendra me fait pas mal bosser le chant également.
 

Johan tu as rejoint le groupe récemment au poste de 2ème guitariste, comment intègres-tu ta formation d’ingé son au service du groupe ?

Johan : C’est même en faisant leur son live, que j'avais rencontré Gohrgone ! Depuis que je suis entré dans le groupe il y a déjà plus d'un an, on a travaillé dur sur notre son sur scène, comme en studio. J'ai pu aider l'ingé son qui a mixé l'album à avancer dans notre sens. On a même pu trouver une place sur le plateau du Kave Fest en juillet 2020, un festival où je travaille depuis la première édition en 2016.

Thomas et Olivier, vous êtes bénévoles au Motocultor depuis quelques années, pourquoi ? Expliquez-nous les coulisses d’un fest et qu’est-ce que ça vous apporte au point de vue personnel ? Ce sont d’autres formes d’échanges ? (avec d’autres musiciens et avec un autre public que le vôtre)

Olivier : Oui effectivement tu vois passer de tous les styles au Motoc et c'est ce qui est cool. Je fais des festoches depuis plus de quinze ans maintenant et c'est vraiment un milieu que j'adore. Un jour j'ai eu une proposition pour bosser au Motoc et je me suis dit : pourquoi ne pas passer de l'autre côté !!! On bosse principalement à l'accueil artiste. Tu fais faire le tour du proprio aux groupes, tu leurs montres les scènes, le merch, les loges, le catering etc. Mais, tu peux aussi être appelé à faire des runs ou des navettes. C'est vraiment intéressant, ça te montre la face off d'un festoche et la montagne de boulot et d’organisation que ça représente. Niveau échanges, les bénévoles sont en général tous top et bon esprit. Quant aux artistes il y a les bonnes et les moins bonnes surprises haha ! Ça va de l'artiste qui a le melon à celui qui reste intègre et abordable même après 30 ans de carrière. Dans l’ensemble ça se passe très très bien, je vous encourage même à tenter l’expérience

Thomas : Olivier a bien résumé le truc, c’est vraiment top de voir ce qu’il se passe en coulisse. En plus on a vraiment un poste de bénévole super intéressant et varié franchement on ne s’ennuie pas !
 

Avec cet album, vous avez abordé l’histoire de Médusa votre personnage emblématique. Quels seront alors les thèmes de votre prochain album ? Allez-vous élargir votre inspiration et comment ?

Chris : cela restera un mystère pour le moment mais le thème est déjà établi. Disons que ça parlera de mythologie hahaha.

Olivier : sérieux ?!? Hahaha

Thomas : Hahahaha génial
 

Je vous laisse le mot de la fin                                  

Olivier : déjà merci à toi Anne pour cette interview et cette passion du métal que tu fais vivre. Un grand merci également à tous nos fans qui nous suivent et qui ont la foi de ramener un parpaing en métro après une soirée de concert. On espère que le clip vous plaira.
 

Chris : oui un très grand merci à toi, à nos fans et surtout merci à tous de faire vivre la scène underground.

Thomas : Hahaha

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