Interview avec MAGOYOND pour l’album

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Interview avec MAGOYOND pour l'album

Interview avec MAGOYOND

 

Salut messieurs ! Comment présenteriez-vous votre groupe à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

Mago : MAGOYOND, c’est un groupe de metal alternatif français qui chante des histoires – en français – autour du concept de la fin du monde, des films d’horreur et des monstres de la pop-culture. C’est tout un concept musical qui balance entre le macabre, l’humour noir et la science-fiction fantastique.

 

Vous avez des influences « horrifiques » des années 70/80/90, et la référence du titre de l’album est très clair. D’où ce goût pour ce monde des zombies et des morts vivants ?

Mago : On a grandit dans les 90’s, et on a été bercés par des références comme Batman, Star Wars, Jurassic Park, Indiana Jones, Les Tortues Ninja, Ghostbusters, The Mask, les films de Tim Burton… et des tas de jeux vidéos ou d’autres films à l’esthétique incroyable. À l’époque, il y avait « Chair de Poule » les « Contes de la Crypte ». Quand t’es gamin, tu emmagasines toutes ces images et tous ces codes, qu’ils soient littéraires ou cinématographiques. Et puis j’ai découvert les zombies (et d’autres grands classiques de l’horreur), ce qui m’a donné envie de faire mes propres histoires en piochant dans ces masterpieces de la pop culture. Dès sa sortie, j’ai vu « Shaun Of The Dead », ça a réellement été le déclic et j’ai écrit la chanson « Adopte un Zombie » dans la foulée. Ça a amorcé beaucoup de choses !

 

D’où viennent vos influences musicales ?

Mago : De partout ! J’ai été bercé par le hard rock et la pop française (Black Sabath côtoyait France Gall à la maison), puis en grandissant je suis passé par tous les styles que ce soit du rap, du hip-hop, de la trip-hop, du rock, du métal alternatif ou encore la funk… entre autres ! J’écoute vraiment de tout car j’estime qu’il y a matière à apprendre de partout pour se créer un répertoire solide en références ou en techniques de jeu.

Vito : Mes influences musicales viennent pour la majorité de mon père, qui est de la génération Led Zeppelin/Jimi Hendrix. Elles viennent aussi de mon frère avec qui j'ai découvert le métal et le néo-métal au début des années 2000 avec Korn, Linkin Park, Disturbed, puis quelques années après le métal plus traditionnel et progressif avec des groupes comme Dream-Theater, Black Label Society, Trivium, Bullet For My valentine et beaucoup d'autres groupes du label Roadrunner. En parallèle de mes influences métal, j'ai toujours écouté beaucoup de Soul et rnb, de Jazz et de pop, toujours sous l'influence des artistes qu'écoutaient mes parents, comme Earth Wind and Fire, Barry White, Quincy Jones, Stevie Wonder, George Benson etc …

Aspic :  Beaucoup de classique, baroque et romantique, musique de films et de trailers, et niveau rock, Muse, Diablo Swing Orchestra…

Mago : Rammstein, Metallica, Rob Zombie, Devin Townsend, Alice Cooper et des centaines d’autres, beaucoup d’OST de films… Je passe littéralement mes journées à découvrir et écouter de la musique en bossant, la liste est donc très longue et variée.

 

Comment se passe le processus de création ? Qui écrit, qui compose ?

Vito : C’est vraiment variable selon les morceaux. Pour ma part j'ai toujours composé seul avant Magoyond, et je continue sur d'autres projets. Avec Magoyond nous composons la plupart du temps lors de sessions de compositions de groupe, mais il m'arrive de me poser seul devant mon ordi afin d'enregistrer certaines idées musicales que je n'arrive pas à traduire en sessions de composition, ou alors quand ces mêmes sessions sont infructueuses par manque d'idées.

Aspic : Même si c'est un processus commun, on peut dire que chacun a ses spécialités : Vito est responsable de 95% des riffs, Le Mago de 95% des paroles, et moi de 95% des arrangements (et Nobru à 95% de sa batterie !).

Vito : Dans tout ça, chacun donne son avis et peaufine l'arrangement global des titres.

Nobru : Chacun sait quoi faire pour que ça sonne « Magoyond » et toutes les pièces s’emboîtent toujours très naturellement, même si on a toujours quelques arrangements qui surviennent après coup après s’être concertés.

Aspic : Oui, le contenu produit par chacun est toujours examiné, validé et souvent modifié par les autres, les chansons sont vraiment façonnées à 8 mains !

Nobru : J’intervenais en fin de composition principalement : on avait un fil conducteur avec une rythmique hyper minimaliste (posée par Aspic en guise de base de préparation du projet) et mon gros travail de composition sur la batterie venait se greffer une fois la structure et les riffs validés.

Mago : Et moi j’écris souvent dans mon coin, des tas de versions des histoires que je veux raconter. La musique influence les textes et vice-versa… Et on corrige les paroles jusqu’à l’enregistrement définitif du morceau.

 

Interview avec MAGOYOND pour l'album

Comment s’est passé l’enregistrement ?

Nobru : À notre façon : dans la joie, la bonne humeur et le stress de la deadline !

Aspic : On compose devant l'ordinateur avec Vito et Mago, on met en forme les chansons, et quand la chanson est complètement composée on réenregistre proprement les guitares, qu'on réampe ensuite ; puis la basse, les arrangements de clavier, la voix, et en parallèle Nobru programme la batterie.

Vito : L'enregistrement s'est passé un peu dans la précipitation (mais dans la bonne humeur toujours, avec nos machines à expresso et des pizzas !), dans le sens où il fallait jongler avec les emplois du temps de chacun, chose difficile à faire. On a du faire vite aussi car nous devions respecter une date butoir afin de pouvoir finir le mixe au plus vite et d'envoyer le CD au pressage à temps pour la sortie de l'album.

Nobru : Heureusement, on sait être efficace surtout quand on sait la horde d’affamés qui nous attendait au tournant !

Mago : Tout est à 100% autoproduit et mixé par nos soins sur environ 4 mois. Nous avons seulement fait appel à l’excellent Fascination Street Studio (Suède) pour le mastering CD et Vinyle de Kryptshow. Ça nous permet de maitriser à 100% la production et le rendu de nos morceaux.

 

Pourquoi avoir choisi de chanter en français ?

Mago : Beaucoup de groupes chantent en anglais, et l’idée était de raconter des histoires au public, compréhensibles et immersives. La langue française est très riche à ce niveau là, et c’est un concept qui s’est peu vu en France autour de ce style musical. Je suis plus à l’aise pour écrire dans ce registre que pour faire des chansons abstraites. Ça peut bloquer certaines personnes car le public français est souvent réticent à l’idée d’écouter sa propre langue (encore plus dans le rock/metal), mais on essaye de changer la donne.

 

Les textes ont un côté très narratif, très visuel. Vous pensez à ce que ça rendra sur scène ou en clip en les écrivant ? 

Mago : En effet, quand j’écris j’ai toujours des images, des ambiances ou des situations en tête. Un décor, une illustration peut donner l’inspiration d’une chanson, mais il faut aussi être capable de restituer ces images avec la musique et les paroles. J’attache beaucoup d’importance à l’ambiance dégagée par la musique car je pense que c’est ça qui fait la différence. Tu fermes les yeux, tu t’imagines le clip. C’est tout de suite plus dur à rendre sur scène ou en vidéo car ça demande beaucoup plus de moyens que ce que notre imagination est capable de créer.

 

Parlez-nous de l’artwork de votre nouvel album

Mago : On a bossé avec Arsenic et boule de Gomme, un studio de graphistes et illustrateurs connus pour avoir édité de nombreux livres de monstres chez Glénat. Au départ, Nobru et moi réalisions toutes les illustrations et le graphisme du groupe. Mais en travaillant sur l’esthétique de KRYPTSHOW, on s’est dit qu’on allait s’ouvrir à des collaborations afin d’aller encore plus loin dans l’aspect comics/cinématographique. Elian et Carine-M ont tout de suite accepté et ont compris notre concept, ça a été un bonheur de travailler avec eux.

 

Vous avez lancé votre dernier album avec un financement participatif. En dehors du fait de récolter de l’argent, n’est-ce pas aussi une façon de mobiliser votre fan-base ?

Mago : Tout à fait, et elle a été super réactive ! Depuis que MAGOYOND existe, nous maintenons un vrai échange avec le public car nous ne sommes pas là par hasard : si nous en sommes arrivés là, c’est aussi grâce à tous les zombies qui nous supportent. On rend hommage, on échange beaucoup… il faut croire que le public nous le rend bien en soutenant autant nos nouveaux projets.

 

Interview avec MAGOYOND pour l'album

Vous vous êtes énervés à propos de votre visibilité sur Facebook. Pourquoi ?

Mago : Tu postes une photo conne, tu as 100 likes. Tu postes une question pour savoir qui voit « vraiment » ton contenu, tu as 500 likes. Puis tu postes ton nouveau clip… et là tu as des statistiques désastreuses, Facebook te dit qu’il faut que tu payes pour que les gens puissent voir ton contenu. On est pas Nike ou Metallica, on a pas une communauté de millions de fans et un budget communication délirant. Les gens se plaignent de ne pas voir passer notre actualité. Si les réseaux sociaux nous coupent de notre public pour des questions de thune, c’est vraiment rageant.

 

Pourtant, vous avez une page Wikipédia, une newsletter, une chaine You Tube, une page fbk, c’est si compliqué d’avoir de la visibilité aujourd’hui ?

Mago : C’est la guerre, en effet. Pour la page Wikipédia, nous ne sommes pas responsable de sa mise en ligne. Pour le reste, nous essayons d’exister sur les différents réseaux afin de coller aux usages du public. Les gens sont noyés sous les informations, il est tristement logique que nous ayons des difficultés à communiquer. Notre site web est à jour, mais les gens ne vont plus faire l’effort de se renseigner. Si l’info n’apparait pas quand ils scrollent leurs réseaux, alors c’est qu’elle n’existe pas… À moins de payer pour la faire remonter.

 

Le HellFest a consacré une journée aux groupes français, c’est une reconnaissance quand même ?

Mago : Je trouve ça vraiment bien, et ça redonne un bon coup de boost à une scène française qui était un peu à part il y a quelques années. Quand on voit des groupes comme Mass Hysteria ou Ultra Vomit qui assument de chanter en français et qui réussissent à fédérer sur la durée, je me dis qu’on est sur une bonne lancée. Le Metal Français a encore des trucs à dire dans sa propre langue, ça fait plaisir !

 

Réédition du premier album, sortie du deuxième très peu de temps après, financement participatif du live Anniversaire au Trianon du Naheulband ! Participation à des conventions plusieurs dates prévues, vous avez une actualité très riche …

Mago : Ce début d’année est dingue, oui. On prépare en plus d’autres dates en France pour 2020. Tous les projets s’enchainent et c’est tant mieux ! Nous avons été assez inactifs ces dernières années, le groupe avait clairement besoin d’un regain d’activité qui a mis plus d’un an à se mettre en place. Nous n’en vivons pas, mais nous espérons grandir avec tous ces projets.

 

Vous existez depuis 10 ans maintenant, quel regard posez-vous sur votre carrière, sur votre évolution musicale ?

Nobru : « Ça te dirait de venir essayer une repèt’ avec mon groupe ? ». Le Mago qui, à l’école – entre un cours de mise en page et de typographie, me posa cette question. C’est comme si c’était hier… le temps est passé si vite et my god tout ce qu’on a pu vivre tous ensemble depuis cette époque.

Mago : Putain déjà 10 ans… On est passé par tellement de trucs.

Aspic : On est content d'avoir réussi à ficeler tous les ingrédients qui font vraiment notre identité dans notre nouvel album, à la fois accessible et extrêmement riche et profond 🙂

Mago : Oui car il y a 10 ans, on faisait un peu n’importe quoi… Quand MAGOYOND s’est lancé en 2008, on faisait de la musique à l’arrache et des histoires audio. On a passé 4 ans à partir dans tous les sens, à chercher un style. Notre premier album Pandemia (2012) pose quelques bases du « style MAGOYOND ». Puis lors de l’arrivée de Vito qui avait une certaine expérience, on a tout remis à plat pour quelque chose de plus sérieux.

Vito : J'ai rejoint Magoyond en 2014, mais je fait de la musique depuis 2006, et de la scène depuis 2007. J'ai eu beaucoup de chance de jouer dans de très belles salles grâce à mes anciens groupes et maintenant à Magoyond. Je n'appellerais pas ça une carrière musicale, dans le sens où cela n'a jamais été un métier, pour autant j'estime avoir engrangé de l'expérience dans ce domaine, j'arrive à mieux comprendre la musique, je me suis ouvert à de nouveaux styles, je suis plus à l'écoute, et par conséquent cette évolution m'a permis d'entreprendre la musique d'une manière plus viscérale et sensitive.

Nobru : Aujourd’hui la musique est toujours un peu plus une véritable exultation au fur et à mesure que les années passent, à la fois en tant que passion, plaisir, (second) boulot et aventure humaine en compagnie de mes muchachos et de la horde qui nous suit dans tous nos monstrueux délires !

Mago : Même si ça fait 10 ans, on a encore beaucoup de choses à faire. On s’est toujours marré, on a toujours tenu à se remettre en question, et les gens nous ont suivi. C’est un démarrage assez lent pour une « carrière » qui commence à peine !

 

S’il y avait quelque chose à changer sur ces 10 années que changeriez-vous ? Et pourquoi ?

Mago : Peut-être le nom du groupe, qui aurait pu évoluer ? Et encore, c’est toujours difficile de changer de nom quand on commence à se faire connaitre. Le truc que je regrette le plus, c’est d’avoir voulu attaquer le « vrai » marché musical trop vite. Depuis toutes ces années, nous avons fait notre petit chemin dans le paysage geek français. Notre premier album est sympa mais difficile d’accès, et on pensait qu’on arriverait à en faire quelque chose. Du coup, quand on allait se présenter en festival ou à certains pro, on était pas pris au sérieux. Même les amateurs de musique avaient du mal avec notre « truc de geek ». Ça nous a fermé pas mal de portes. Sans remise en question avec Vito, Aspic, Nobru et les autres musiciens qui ont contribué à l’évolution du groupe, nous aurions stagné ou arrêté. 7 ans (et beaucoup de travail) plus tard, Kryptshow nous a prouvé que les médias et le public pouvaient s’intéresser plus facilement à nous. C’est très encourageant pour la suite.

 

Interview réalisée par Anne Copinet

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