Interview avec A. Diaz de NEW FAVOURITE pour Chasing Light

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Salut NEW FAVOURITE ! Comment avez-vous travaillé pour ce nouvel opus ?

Pierre est arrivé en disant qu’il aimait le fait qu’on soir un trio et que la basse ait un rôle différent de celui de la guitare. Pour lui, on n’est pas sur les mêmes fréquences, et on ne joue pas la même chose.  On a une basse/batterie ultra solide, des riffs de guitares par-dessus et quand on se rejoint, on a une belle unité. Cela donne à cet EP beaucoup de richesse mélodique, beaucoup plus de strates de musique différentes et beaucoup plus de profondeur.

Idem en ce qui concerne les voix. Sur le premier EP, il y avait la mienne, qui était parfois doublée. Maintenant chacun intervient et on a des harmonies à 3 voire 4 voix. Avant on s’arrêtait à ce qu’on était capables de faire. Maintenant, on se prouve qu’on peut faire plus.

Le rôle d’Amaury notre producteur a été important ! Il nous a vraiment poussé dans ce sens. Cela nous a permis de beaucoup travailler. Chacun a vraiment fait ce qu’il avait envie de faire,  tel ou tel arrangements, faire sonner la basse autrement que la guitare… Moi qui n’avais jamais chanté calmement, (Alex Diaz officie également dans le groupe « The Prestige » groupe de post hardcore NDLR) je me suis trouvé au pied du mur et je chante plus posément maintenant.

L’album parle de relations toxiques, d’amour espéré et désespéré, d’amitié déçue et perdue, pourquoi des thèmes si lourds ?

Parce qu’on a traversé un moment lourd. On a eu besoin des gens autour de nous. On a été déçus parfois par certaines amitiés et quelquefois heureusement surpris. Ensuite, les amours viennent, se perdent, meurent, reviennent, repartent. C’est la vie. Avec le confinement, tout a pris une dimension beaucoup plus lourde. On était dans une vie sociale riche, on travaillait, on sortait tous les jours. C’est ça la vie ! Quand elle s’est arrêtée, quand nos vies se sont littéralement stoppées, ne sont restés que les problèmes.

Ça a servi de révélateur ?

C’est ça ! Avant, il y avait un tumulte énorme. Tout s’est arrêté d’un coup et les problèmes sont apparus au grand jour. Il est resté des joies aussi. Il a fait super beau pendant ce confinement et on a pu profiter d’être à la maison, ou dans le jardin (pour ceux qui en avaient) de faire de bons petits plats et de se recentrer sur d’autres choses. Finalement, le bruit est parfois bien utile pour cacher les problèmes de la vie !

Pourquoi ce contraste  entre le côté joyeux de votre musique et le côté obscur de vos paroles ?

Je n’aime pas écrire sur la joie. Je trouve que c’est très difficile de trouver le ton juste, et je serais maladroit. Ensuite, je suis d’origine espagnole. Mon éducation et mes racines sont méditerranéennes. La joie est célébrée, et ça peut être intéressant de travailler sur son écriture Mais elle est difficile à mettre en paroles.  Il y a des chants joyeux, mais les plus beaux sont tristes. C’est la tristesse que l’on met en musique, elle est notre dénominateur commun, et je la trouve plus riche lexicalement. Il y a une beauté dans le paradoxe de la tristesse que je ne trouve pas dans la joie. La tristesse est plus universelle.  La joie est quelque chose de plus intime. C’est plus facile de partager sa tristesse que sa joie.

D’ailleurs, le plus souvent dans l’art européen, on a plus de sujets tristes comme le « Radeau de la Méduse » que de sujets joyeux. La dramaturgie donne moins l’impression de vide que la joie. C’est « so 1970’ la joie (rires).

Est-il plus facile de dire des choses graves  sur une musique enjouée ?

Je ne sais pas comment te répondre. Mais cela me fait penser à autre chose. Il a dans certains films, des scènes violentes illustrées par une chanson « mignonne ». Le décalage qui est alors créé est jouissif ! On se dit que ce n’est pas si grave, si brutal, puisqu’il y a une chanson mignonne ! Mais c’est le contraire !  Et on justifie presque cette outrance !

On est sur cette idée-là. Si je chantais le même texte sur une musique triste, tout serait triste, et si au contraire j’écrivais des paroles joyeuses sur une musique triste, cela ne passerait pas ! Ces chansons sont un exorcisme, j’ai eu besoin de les sortir pour ne pas être triste tout ma vie.

Tu as dit : “Godspeed est très direct, sans chichi et représente bien la transition entre nos deux EPs. Des riffs simples mais efficaces, un refrain puissant avec cette octave qui fait aujourd’hui partie de notre son, et des harmonies vocales du groupe entier ». Je retrouve ce petit côté The Hives.

J’adore The Hives, leur façon de faire des riffs, façon 2000. Je connaissais Walk Idiot Walk et je me rappelle avoir acheté un jour, Tyrannosaurus Hives à 5 balles à la Fnac. C’est pour moi du rock à riffs. Je trouve incroyable que ces mecs arrivent à en pondre autant sur leurs premiers albums. Tous sont incroyables. Rien n’est en place, mais c’est survolté et énergique. Je suis quelqu’un qui favorise l’énergie plutôt que de bien jouer. C’est mon coté destroy d’une certaine époque. Pour moi, le rock c’est du riff et des accords, comme par exemple Satisfaction des Rolling Stones, Good times Bad times de Led Zeppelin, Enter Sandman, Master Of Puppets de Metallica, Deftones… Je trouve génial quand une mélodie rock est jouée salement par une guitare !

Mais j’ai appris avec le temps à apprécier la mélodie et les refrains. J’ai redécouvert Les Beatles pendant le confinement. Et effectivement il y a ce savant mélange de riffs, de voix et d’accords qui sont très riches.

Mais pour moi, The Hives est une grosse référence dans l’approche musicale.

« Fire, Sweet Fire » est très différente. Il y a une grosse présence de la batterie, presque comme un battement de cœur, un chant très mélodique et désespéré. C’est une belle façon de clôturer l’album.

Cette chanson parle d’une histoire d’amour qui se meurt. Il y a une phrase de Shakespeare qui dit à peu près : « Faisons quelque chose avant que les braises ne s’éteignent ». Peut-on encore sauver quelque chose ? Est-ce dans la violence, ou au contraire dans le silence que l’amour va renaître ? On est désespéré et on ne sait pas.

J’ai présenté cette chanson au groupe, en leur disant qu’elle devrait apparaître dans la prochaine saison de « Peaky Blinders ». Il faut l’imaginer avec la brume qui se lève sur Londres. Pour moi, c’est l’histoire d’un mec qui a le cœur brisé et qui marche dans la rue. Il pourrait défoncer la gueule d’un passant juste pour se sentir vivant.

Parle-moi de votre deuxième clip “Sick for Sleep”

C’est un morceau qui parle des insomnies avec un riff très The Hives justement. Il y a beaucoup de raisons d’être insomniaque, et c’était très dur pendant le confinement. On se retrouve avec des questions, des problèmes qui tournent en boucle. Et on a beau compter les moutons, se rappeler les comptines qui nous chantaient nos parents, rien n’y fait ! On a envie que la nuit s’arrête et de sortir du lit et en même temps de s’y replonger.

Je trouve que cet opus beaucoup plus mélodique et ton chant plus développé. 

Pour la première fois, j’ai demandé au producteur de m’arrêter si je criais ! On disait tout le temps : « non c’est trop poussé !»  C’est un de mes réflexe  de donner de l’intensité et donc de hurler… Cela m’a forcé à être juste, alors qu’on ne l’est pas forcément quand on crie.  Il faut être carré et c’est difficile. J’ai été obligé de beaucoup travailler. C’est comme si j’avais une grosse boite à outil avec plein de possibilités qu’il faut exploiter. Et ça nous a rendu fiers de se dire qu’on peut faire plein de notes avec nos voix, plein d’octaves, même si elle n’est pas extraordinaire. C’était difficile, mais le résultat est super cool. Et ça apporte beaucoup plus de contrastes

C’est une réelle évolution pour toi  ?

C’est une libération. Avant, je chantonnais, je n’avais jamais vraiment osé le faire.  Dans The Prestige je chante un petit peu mais je passe beaucoup de temps à hurler. C’est la première fois que je le faisais vraiment. Je l’ai fait du début à la fin de l’album. Avec des défauts, parce que c’est nouveau. Et  il y a d’autres voix derrière la mienne, tout le monde chante. Être dans la mélodie oblige à être ultra précis, on ne peut pas chanter faux, sinon on n’entend que ça (rires)

C’est un vrai travail au même titre que celui d’un instrument ?

Tout à fait. En sortant du studio, j’ai cherché sur Google : prof de chant. On a tous le même corps, on peut tous faire du sport. Tu te rends compte de la capacité que tu peux avoir si tu t’entraînes. La voix c’est une musculation de la gorge et de la technique. Il faut s’habituer à trouver des positions de gorge, de bouche etc. pour avoir un son juste. Une fois que j’ai découvert que je pouvais chanter à peu près tout, j’y suis allé à fond.

Comment avez-vous travaillé avec votre producteur ?

Il a mis en attente les chansons qu’on lui envoyait au fur et à mesure.  Ensuite, on a fait une première session, bien que les voix n’aient pas toutes été composées à ce moment-là. Puis on est revenus, et j’ai posé les voix lead. Le soir, on posait les deuxièmes voix, les percus, les synthé etc. C’est ainsi qu’à la fin de chaque journée, on avait terminé une chanson. Cela nous permettait d’avoir un sentiment d’achèvement et de continuité. Aurélien et Pierre se sont vraiment impliqués. Ils sont très, très bons arrangeurs.

Nous avions le temps, un piano et un micro. On a donc eu la possibilité d’ajouter des choses au fur et à mesure. Ce studio annexe nous a permis de continuer à composer et enregistrer en même temps. La richesse de cet opus vient de cet esprit collaboratif, et du fait que tout le monde ait mis la main à la pâte.

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L’artwork est sensiblement différent du premier, qui était très coloré. Est-ce un enfant insouciant qui joue ou est-il aveugle et perdu ?

Voilà toute sa magie  ! ! A l’origine, c’est une illustration d’un livre pour enfants qui jouaient à colin Maillard. Mais quand on le sort de son contexte, on ne sait plus vers quoi va cet enfant ! Nous suivons tous une lumière cachée par le tumulte de la vie. Cet enfant courre vers quelque chose, avec toute sa naïveté sans vraiment savoir vers quoi, mais il y va.

Et le rose est une couleur franche, pop et très régressive.

Cet EP est riche de tous ces paradoxes. 

Tout à fait, c’est un paradoxe d’avoir fait pendant 15 ans et de continuer à faire de la musique violente. Je me demande quelquefois si une personne a le droit de faire ça. Est-ce qu’un artiste doit rester dans le même monde toute sa vie ou peut-il en avoir deux ? Mais nous sommes tous fait de paradoxes et la prise de risque est toujours intéressante. Cela montre qu’on est vivant !

Comment allez-vous défendre cet opus  ?

On a une date à Laval le 28 octobre et une autre à Tours. Il devrait y avoir des dates en région parisienne, Caen, Nantes en 2022.  On avait été très frustrés de n’avoir pas pu défendre le premier EP

Mais ce n’est pas la seule bonne nouvelle : on va sortir les deux EP sous la forme d’un seul opus, en édition très limitée. Les différentes pochettes seront faites à la main et numérotées. Cela nous manquait de ne pas avoir des supports physiques et ils seront bientôt en prévente.

Je te laisse le mot de la fin et merci beaucoup pour cette belle rencontre.  

Merci à toi, enfin on peut se voir en vrai ! Après la rencontre virtuelle, l’interview en vrai, on va se revoir en concert.

Plus d’informations sur le groupe ici :

https://www.facebook.com/thisisyournewfavouriteband

Revoyez le clip sorti en juin 2021 ici :

https://www.loudtv.net/clip/video-nouveau-clip-de-new-favorite-godspeed/

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