Interview du groupe ISGHERURD MORTH pour la sortie de « Hellrduk »

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Penser à la Sibérie, c’est souvent se remémorer nos lectures d’enfance en compagnie de Michel Strogoff et de Jules Vernes. A moins que ce ne soit l’appel des grandes distances et avec elles, l’envie de monter dans le Transsibérien. Mais aujourd’hui, je vais vous faire découvrir une autre partie de ces mystérieuses contrées. Je vous propose d’aller du coté de Krasnoïarsk avec ISGHERURD MORT. Venez découvrir leur black métal moderne et puissant, aux influences multiples (Voivod, Bathory, Cynic, Métallica, Alice In Chains …).

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Bonjour ISGHERURD MORTH, vous avez sorti votre album le 12 mars 2021, comment avez-vous appréhendé cette sortie. Quels sont les retours que vous avez reçus, et comment vivez-vous tout cela ?

Salutations de la lointaine Sibérie. Nous sommes abasourdis par tous les évènements liés à la sortie de notre album Hellrdruk. L’accueil dans les médias est énorme. Nous avons des articles dans presque toutes les grandes publications, magazines avec de très bonnes critiques. Nous remercions vivement REPOSE RECORDS UK, qui est un label progressif et avant-gardiste d’avoir pris le risque de sortir un groupe inconnu.

Néanmoins, ISGHERURD MORT reste encore méconnu et chaque chronique ou interview peut nous donner un nouvel auditeur. Merci Anne et Loud TV pour cette incroyable opportunité !

Racontez moi l’histoire de votre groupe. Comment vous êtes-vous rencontrés et quelles sont les bonnes étoiles qui ont fait que vous avez pu écrire cette histoire ?

Je suis sûr que les éléments et les étoiles se sont alignés exactement au bon moment. Ce moment où chacun de nous savait ce qu’il voulait faire et ne l’avait pas encore réalisé. Cela a donné une sorte de toile musicale, avec ses courbes et des frasques d’énergies et d’harmonies.

Max et moi travaillons ensemble depuis le tout début de notre carrière. Nous avons créé KAMLATH et STENCH PRICE (projets internationaux). Nous avons travaillé avec Romain Goulon sur STENCH PRICE. C’est donc sans hésitations que nous lui avons proposé de nous rejoindre dans cette nouvelle aventure black métal. La musique d’ISGHERURD MORTH est intuitive, elle s’est formée à partir de nos questionnements personnels et professionnels pour donner l’image unifiée et monumentale, qu’est Hellrduk

Quelle est la signification du nom du groupe, et pourquoi ces surnoms ?

Nous avons créé un groupe de black métal. Nous voulions un nom en relation avec cette croyance qui veux que le nom soit de « mauvaise augure » et sonne de façon « cryptique ». L’idée est venue très vite.  Pourquoi ne pas avoir nous appeler de la manière la plus triviale et la moins plausible possible. Nous avons donc fait un jeu de mot sur la ville Max et moi sommes nés et avons grandis. (Romain Goulon est un musicien français NDLR) « Krasnoyarsk is dead ». Une légère manipulation de la langue tatare et le nom ISGHERURD MORTH est né.

 Nous avons imaginé des pseudo, parce qu’il y toujours un voile de mystère qui accompagne de noubreux groupes de black métal. Cependant, étant donné que nos vrais noms sont connus dans les médias, nous n’avons pas réussi à maintenir ce mystère !

Vous étiez déjà tous les trois dans un groupe de grindStench Price, pourquoi avoir fondé IsgherurdMorth ? Était-ce l’envie d’explorer d’autres facettes de vos talents, de puiser dans les côtés les plus sombres de vos pensées, ou l’envie de retrouver d’autres sensations, notamment celles des débuts d’un groupe ?

Je ne me suis pas posé une telle question, puisque l’inspiration et la musique viennent d’ailleurs. J’ai voulu enregistrer un album de black métal, même si je me suis posé des questions à différentes période de ma vie. Convenez qu’avec ISGHERURD MORTH, nos paroles, notre musique et notre façon de jouer représentent notre part la plus sombre.

isgherurd morth logo
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Avoir au sein de votre groupes plusieurs nationalités, avec tout ce que ça implique de mélanges de cultures, d’histoires personnelles est sans aucun doute une richesse. Pouvez-vous nous expliquez quelles sont vos racines et votre histoire « sibérienne » ?

Contrairement à l’âme « d’un vrai sibérien », nous sommes enthousiastes, créatifs et ouverts. Mais, nous avons une certaine « sévérité de caractère » en raison de notre origine, de notre climat et de nos conditions de vie. Nous sommes nés en Union Soviétique a une époque de grands changements et de transformations sociales et politiques. Par conséquent, nous nous adaptons aux évènements en constante évolution qui nous obligent à être flexibles et dynamiques. Il faut avancer sans se retourner.

J’ai créé de nombreux projets avec un grand nombre de musiciens à travers le monde. Mon expérience ne me dit qu’une seule chose : l’honnêteté et la sincérité, le sourire et le rire excluent tous les préjugés. Les mots et la musique font des choses fantastiques, peu importe votre origine et d’où vous venez.

Comment abordez-vous ces différences et comment arrivez-vous à donner cette forte cohésion à votre groupe et à votre musique ? Est-ce que de bien vous connaître, votre amitié sont des ciments précieux ?

 Je pense que les créatifs sont fantasques et imprévisibles, beaucoup d’entre eux sont dans un processus permanent de recherche. La chose la plus importante c’est l’impulsion insaisissable qui s’enflamme pour une idée à un instant précis et le retour que vous en obtenez

Mon expérience m’a montré que tous les projets créatifs ne conviennent pas à tous les musiciens. Bien entendu, les relations amicales dans l’aspect créatif, deviennent la base après la mise en œuvre de chaque projet.

En termes de logistique, de paramètres techniques, cela ressemble déjà à un modèle économique. Tout groupe se transforme en modèle commercial, en fonction de la couverture du public, des ventes et des autres performances sur scène

Vous avez enregistré très vite et pourtant il s’est passé quelques années entre l’enregistrement de votre album et sa sortie ? Pourquoi ce délai ? Vous avez eu besoin d’attendre le bon moment et en quoi aujourd’hui est-ce le bon moment ? N’est-ce pas une prise de risque supplémentaire avec cette période de pandémie ? Est-ce que vous n’avez pas eu envie de retravailler et de changer des choses sur cet album ?

Je vais commencer par la dernière partie de la question : Jamais. Je ne voulais pas, je ne veux pas et à l’avenir je ne modifierai pas, n’améliorerai pas, n’ajouterai pas, ne réparerai pas le matériau fini.

Oui, les circonstances étaient telles qu’il a fallu beaucoup de temps pour sortir l’album. Cela ne veut pas dire que je cherchais constamment quelque chose ou que j’essayais d’obtenir de meilleures conditions. Le disque est resté « sur l’étagère » jusqu’à des temps meilleurs. Tout s’est passé de manière inattendue, il y a eu à nouveau une impulsion et une réponse chaleureuse que j’ai reçue de Thomas, le responsable de REPOSE RECORDS UK. Je ne m’y attendais pas, tout est arrivé d’un coup au moment où cela devait arriver

Comment se passe le processus de composition au sein du groupe ? Est-ce que c’est une collaboration collective, est ce que chacun y apporte sa vision personnelle ? Est-ce que vous composez au fur et à mesure de l’inspiration, ou avez-vous des périodes dédiées à ce travail ?

Il s’agit d’un processus en plusieurs étapes. On part d’une idée initiale et les avis et opinions de chacun apportent de nouvelles couleurs, nuances et de nouvelles ambiances à chaque chanson. Il y a parfois des rebondissements inattendus, c’est passionnant et magique.

Quelles sont vos influences et vos sources d’inspirations (actualité, littérature, religion …) ? 

J’aime les choses simples qui m’entourent chaque jour. Mon âge me permet de faire abstraction des dogmes et des opinions des autres. Je ne m’intéresse pas à la politique, à la religion et ne participe pas aux discussions sur ces sujets. Néanmoins, j’aspire à être en mouvement constamment, à apprendre et à me réjouir tous les jours. Je veux avoir le cœur ouvert et à m’intéresser à la vie dans ses moindres détails.

Néanmoins, j’apprends et je me réjouis chaque jour. C’est pourquoi, j’aspire à être en mouvement constant. Avoir le cœur ouvert et s’intéresser à la vie dans toutes ses manifestations. Positif et négatif.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans cet album et avez-vous tous, la même vision et les mêmes préoccupations ? En quoi consistent vos échanges sur cette partie de votre travail ?

Nous sommes définitivement des personnes différentes avec des points de vue et des perspectives différents. Nous n’avons jamais eu de malentendus, de divergences ou de différents. En effet, notre musique nous donne l’occasion de parler des aspects de la vie quotidienne que sont la foi, les actions et la façons d’être des personnes. C’est ainsi que nous essayons d’expliquer à travers le symbolisme, et les allégories de nos paroles où est notre esprit : quelles pensées génère-t-il, quelles décisions prenons-nous et à quel point nous en sommes responsables. Où et comment nous dirigeons notre « propre corps » et comment celui-ci est paralysé par la douleur ou la peur. Où est la « source » du feu intérieur et comment il s’éteint.

Vous produisez un black métal, puissant et moderne, de par le travail de la guitare (comme un petit air de flamenco effleuré sur le premier morceau) ou le travail de la basse (avec un petit côté jazzy légèrement effleuré une fois encore sur le quatrième morceau, par exemple) et avec une batterie omniprésente. Est-ce dans cet esprit-là que vous avez travaillé sur cet album ?

Absolument ! C’est l’inspiration sans laquelle Isgherurd Mort est impossible. Nous n’avons ni de modèles ni de restrictions.

Est-ce que c’est aussi pour avoir ce son brut que vous avez enregistré en une seule prise ?

Oui, nous avons essayé d’enregistrer la batterie, le riff principal et les parties de basse de façon brute et naturelle. Tous les arrangements supplémentaires ont été posés séparément

Est-ce que c’est quelque chose que vous aviez prévu de faire dès le début de la composition de l’album ? 

Le concept a été pensé dans les moindres détails, y compris les thèmes lyriques et la direction artistique.

Avez-vous pensé aux compositions en fonction de ce que ça pourrait donner en live ?

 Il m’est difficile de répondre à cette question, simplement parce que le travail en studio est différent du live. Nous avons travaillé exactement comme nous le voulions et comme nous le ressentions, sans restriction. En outre, nous ne pouvions pas prévoir la réaction des auditeurs. Nous n’avions aucune idée de la façon dont notre musique serait perçue. Au début, nous avons vu le groupe comme un projet de studio. Au cours des derniers mois, la situation a changé et il y a toutes les conditions pour entendre ISGHERURD MORTH en live.

Parlez-moi de l’artwork de votre album. Qui l’a conçu et quels sont les messages et les émotions que vous avez voulu faire passer ?

J’ai demandé à cet incroyablement talentueux artiste roumain Isac Anatol-Nathan de créer cet artwork. Nous avions déjà travaillé deux fois ensemble pour STECH PRICE. Malgré mon caractère extrêmement difficile, nous nous sommes très bien compris l’un l’autre.

Après avoir décrit l’idée initiale, il a eu carte blanche pour suivre son inspiration. Il a ainsi créé l’image la plus blasphématoire et unique qui pouvait lui venir à l’esprit. Pour ce faire, il a utilisé le symbolisme et quelques bizarreries concernant le placement et les couleurs.

Comment perçoit-on la musique métal dans votre pays ? 

 Nous sommes fiers d’être Sibériens. La Sibérie, comme le reste de la Russie, a plusieurs millions de fans de musique extrême. Cette musique est pour toujours dans nos cœurs. Nous vivons une époque merveilleuse où il n’y a pas de frontières pour l’inspiration et la créativité.

Quels seraient pour nous français les groupes de vos contrées (pour nous lointaines) qui sont à suivre ?

Le projet de mon collègue Max Konstantinov :  NEBESNIESNAMI (HEAVENWITHUS) et leur premier album « Cold Of Freedom » mérite une attention particulière. C’est un excellent groupe de Death Métal Sibérie

Comment allez-vous défendre cet album et des dates sont-elles prévues ?

Pour le moment ISGHERURD MORTH enregistre son deuxième album. Il y aura de belles mélodies. On continue à expérimenter, on élargit la palette des harmonies avec des éléments d’improvisation. Je devrais dire plus précisément : improvisation contrôlée, mais en gardant la construction canonique des compositions. Avec tout notre savoir, notre passion et notre fureur.

De plus, nous avons reçu des invitations à jouer pour 2022. Nous savons combien il est important d’être un groupe live et combien il faut élargir notre public. Nos ferons de notre mieux pour rencontrer nos auditeurs dans les salles de concerts.

Un grand merci d’avoir répondu à nos questions et je vous laisse le mot de la fin 

Merci beaucoup pour l’interview, Anne ! C’est un vrai plaisir d’avoir l’occasion de répondre à ces questions.  Quel plaisir de pouvoir conquérir de nouveaux fans. ISGHERURD MORTH souhaite la bienvenue à tous les nouveaux auditeurs !

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