Julien Bitoun and The Angels nous parlent de l’album « Little Ones »

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Julien Bitoun & The Angels
Julien Bitoun & The Angels

Né de la frustration de n’avoir pas pu défendre leur premier album, sorti une semaine avant le début de la crise sanitaire, Julien Bitoun and The Angels ont décidé de se remettre très vite à la tâche pour sortir leur deuxième opus. Loin de se laisser abattre par les vicissitudes de la vie et les obstacles, le groupe de classic rock, nous offrent avec « Little Ones » un deuxième album peuplé de petites pépites. Avec des textes aussi émouvants quand ils touchent à l’enfance que crus quand ils racontent la vie déglinguée d’un coursier sans espoir, cet opus nous délivre des messages forts et tendres.

Rencontre avec deux artistes aussi passionnés que passionnants, bourrés d’humilité mais au talent indéniable.

Bonjour Julien, bonjour Paul, votre album est sorti le 20 mai, comment cela s’est-il passé ?

Paul : Cela s’est bien passé et on est très heureux parce que c’est l’aboutissement de beaucoup de travail. Même si on le dit à chaque fois : c’est notre meilleur album (rires)

Julien : Cela fait presqu’un an qu’on l’a enregistré ! Je suis très content que d’autres que nos proches puissent l’écouter. On va enfin savoir s’il va plaire autant qu’on l’espère. Dire que c’est le meilleur est un lieu commun de promotion ! (Rires) Mais je pense que ça ne sert à rien de sortir un album si on n’y croit pas !

Julien, tu es en plus journaliste, auteur, podcasteur, guitariste des projets de United Guitars, donneur de leçons de guitare à la Hight Music School, pourquoi cette boulimie de travail ?

Julien : Parce que j’en ai envie et que je peux le faire. Ma passion de la musique est le dénominateur commun de tout ce que je fais. Au-delà, et c’est très important, je veux travailler pour ne pas dépendre de ma musique pour vivre.

Tu ne transiges pas et tu veux vraiment ce côté passion et plaisir, et que rien ne freine cette création !

Julien : Je souhaite faire de la musique à ma façon, avec les gens que je veux. Je veux la garder comme la chose la plus précieuse. Ne pas avoir ni compromissions ni de succès uniquement mercantile. Je considère que la musique contient sa propre récompense. Et je serai heureux de continuer tant que je pourrais toucher les gens.

C’est marrant que tu ais mentionné le hardcore, parce que sont les mêmes émotions extrêmes. Notre musique a cette résonance de jusqu’au-boutisme et d’indépendance.  J’ai accompagné d’autres artistes qui croyaient avoir composé « Le Tube ». Mais la plupart des grandes chansons n’ont pas été composées pour être des grands succès.

C’est important de pouvoir partager cette musique et que des gens viennent vous voir !

Julien : Evidemment ! Le partage est le centre de tout. Pour moi, la fonction tribale de la musique est l’occasion de communier. Et notre but est d’avoir un public prêt à rentrer dans notre délire.

Paul :  C’est celui de mes deux projets avec lequel je prends le plus de plaisir, parce qu’il évolue en permanence. C’est merveilleux et génial de défendre cette musique.

Julien : Paul est d’une jeunesse insolente ! Il est en passe de devenir intermittent avec le groupe, et c’est vachement chouette !

Julien, tu as également fait partie de « United Guitars ». Est-ce une façon différente de travailler et de te confronter à d’autres guitaristes ?

Julien : Même si beaucoup de ces guitaristes sont très axés sur la technique et la performance, je ne le vois pas comme une compétition. Mais plutôt comme l’occasion de faire partie d’un joli projet et un prétexte pour présenter et faire découvrir, plein d’autres musiciens français.  Le défi a été de le faire en instrumental, alors que je m’exprime d’habitude avec ma voix

Beaucoup d’artistes ont profité de ce laps de temps pour travailler autrement parce qu’ils avaient du temps.

Julien :  Pas moi ! (rires) En temps qu’auto entrepreneur, il fallait que je continue à travailler. Dans la journée, je m’occupais de mon fils de 2 ans, je faisais du montage de podcast, je traduisais un livre sur les Beatles. Je composais donc entre 23 h et 1 h du matin, en sourdine pour ne pas réveiller le petit. D’ailleurs, ce manque de temps m’a permis d’apprécier encore plus le moment où on a pu rejouer ensemble.

Cet album parle d’enfants, de confinement. Cuddly Toy exprime le point de vue du « doudou » ; Explore The World, et Little One sont des chansons  que seul un papa peut écrire !

Julien : C’est ça ! Et le doudou est le centre du monde (rires). Passer du temps avec ses enfants, est la chose la plus importante du monde, la seule qui importe et qui définit tout le reste. Mais c’est aussi une angoisse terrible. Ce sont des rituels très précis, c’est avoir peur de leurs réactions, de ne pas bien répondre à leurs questions ou de dire quelque chose qui va les faire se questionner. C’est la conviction que tout ne dépend pas de moi mais que le monde va aussi avoir son influence.

Cet album parle également du désespoir des exploités, de trahison. Comme Laughing Gas dont le thème est très « cru ». 

Julien : Ce morceau peut faire froid dans le dos. Il est très cru parce que ce quotidien l’est. Il y a très peu de métaphores. Ce sont des vies avec peu de plaisirs, et de légèreté. C’est ce qu’on appelle « l’invisibilisation » du travail. Moins on voit les conséquences de nos actions, mieux le business se porte. C’est même un déni d’humanité parce que tu envisages l’autre comme un moyen et non une fin, et c’est la définition du « monstrueux ».

J’ai aussi beaucoup aimé, le contraste entre les paroles dures et une certaine légèreté de la musique de Filled to The Brim. Est-il plus facile de faire passer ce message par une musique plus douce ?

Julien : Les paroles et le refrain me sont venus presque spontanément, et expriment mieux ma pensée que je ne l’aurais fait consciemment C’est un défi intéressant que d’écrire une chanson gaie sur un texte triste, parce qu’il est plus facile de faire coïncider l’ambiance d’un morceau avec son texte.

Paul, peux-tu nous parler de « Mermaid » sur lequel tu chantes ?

Paul : J’écris mes chansons comme des histoires et j’ai composé celle-ci d’une traite.  J’adore le fantastique, les riffs épics et mystérieux et je suis très fan de Wishbone Ash, un groupe des années 70. L’image de la sirène m’est venue avec mon premier accord, son coté mystérieux m’a fait penser à la mer et c’est une chanson tragique. C’est la première fois que je présentais une compo complète au groupe. Ça n’a pas été simple parce qu’il a fallu les laisser se l’approprier. On est partis très loin, et il a fallu revenir à ce que j’avais présenté et beaucoup travailler. Mais j’ai appris, à cette occasion, à proposer un morceau, qu’il reste le mien tout en faisant qu’il devienne celui du groupe.

Julien : C’est celui sur lequel on a le plus travaillé pour trouver la bonne nuance. C’est même devenu une blague entre nous ! (rires) Je voyais Paul arriver toutes les semaines en début de répète, dépité. « C’est encore la sirène ? Ce n’est toujours pas ça ? »

Cela aurait été incohérent avec le reste de l’album de ne pas apporter notre touche et une marque d’indifférence vis-à-vis de Paul. Nous nous sommes vraiment impliqués pour comprendre où il voulait en venir et … je n’ai toujours pas compris du reste ! (rires)

Wind At My Back est chanté par votre batteuse, peux-tu m’en dire plus ?

Julien : Swanny a toujours été réticente à l’idée de se mettre en avant et pour l’instant, elle ne nous a pas proposé de compo. Alors, on y va par étape pour la pousser vers le micro. On s’est dit qu’elle était prête quand elle a posté une vidéo chantant du Katty Perry et dans laquelle, elle était flamboyante.  Je lui ai composé ce morceau, en pensant à Katty Perry, mais à ma manière. Et j’ai fait en sorte que les paroles lui correspondent bien.

Tu as fait appel au financement participatif, pour sortir ton album. Cette indépendance dont on a déjà parlé, est-elle importante pour toi ?

Julien : Evidemment ! C’est la 5ème fois que je le fais et c’est profondément ancré dans ma démarche.

C’est une marque de confiance absolument géniale que des personnes écoutent l’album avant même qu’il existe. C’est aussi une manière de ne dépendre de personne et de pouvoir faire ce que je veux. J’ai des envies chères en matière de son. J’ai cette culture du vrai studio, du vrai matos et de vrais ingé-son qui savent s’en servir. C’est forcément plus cher que ce que tu peux faire à la maison. Mais je peux travailler comme je l’entends et sans compromis.  Arnaud Bascunana, qui a déjà enregistré mes albums précédents a fait un super boulot.

Mais, on a quand même le soutien d’un label, Mistiroux Productions, qui nous a grandement facilité les choses en termes d’intendance

Un mot sur l’enregistrement qui a eu lieu, au studio Studio 180 (Paris) mixé et masterisé par Arnaud Bascunana. J’ai vraiment eu l’impression de retrouver le son organique, brut et vintage des 70’ et « d’être avec vous »

Julien : Ce n ‘est pas qu’une impression. On a tout de suite eu cette envie parce que c’est ce que j’aime quand j’écoute un album. Une journée de studio coûtant cher, il a fallu beaucoup répéter pour être efficaces, ne pas faire trop de prises pour garder cette spontanéité et ne pas user nos voix qui sont des instruments fragiles. Et je voulais mettre l’énergie du groupe au centre de tout, parce qu’il se passe quelque chose quand on joue ensemble.

Ta remarque est intéressante parce qu’il y a effectivement ce côté chaud et moelleux des années 70, mais avec la précision et la clarté d’aujourd’hui. Je trouve qu’Arnaud a réussi la synthèse parfaite entre les instruments qu’on entend comme dans les années 90 (où les prises de son étaient très précises) et ce côté vivant des années 70.

Paul : On a fait toutes les prises de base : guitare-basse-batterie, en live. C’est ce qui donne cette impression « d’être avec nous ». Il faut beaucoup travailler en amont, parce que si on se trompe, il faut recommencer.

Julien Bitoun and The Angels - Artwork
Julien Bitoun and The Angels – Artwork
Qui a conçu votre artwork très décalé, et psychédélique ?

C’est Alan Forbes, qui est un dessinateur originaire de San Francisco. Il a notamment fait des affiches pour les Melvins et les Queens Of The Stone Age. Je voulais ce genre de travail. Je l’ai contacté, donné une liste d’éléments à intégrer et …il n’en a fait qu’à sa tête (rires) Mais j’en suis très heureux parce que ça colle beaucoup mieux à la couleur de l’album que ce que je ne l’aurai imaginé. Jusqu’à cette girafe, à la fois magique et effrayante qui renvoie au thème de l’enfance.

En fait c’est Sophie la Girafe !!!

Ça pourrait être Sophie la Girafe, après deux mois de confinement ! ! (Rires)

Comment s’est passé votre release partie au Zèbre de Belleville le 21 mai ?

Cette date a été très importante pour nous. C’était autant un point de départ que d’arrivée. C’est notre récompense et on avait hâte de présenter nos morceaux.

Retrouvez Julien Bitoun and The Angels sur sa page facebook : https://www.facebook.com/julienbitoun

 

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