Chronique du nouveau DEFTONES « Ohms » Note : 10/10 !

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DEFTONES

DEFTONES

IL Y A DANS LA SENSUALITÉ UNE SORTE D'ALLEGRESSE COSMIQUE

JEAN GIONO

Au plus haut point culminant d'une colline, une légère brise me caresse la nuque, puis s'introduit avec légèreté dans mes cages à miel. Un air venant de Californie, fait de soleil, de chaleur, mais aussi d'originalité, d'exubérance, de hargne et de débauche. Transportant un doux pollen amer dans mon corps et ma tête pleine de rêveries étranges où le DEFTONES semble de retour en m'enlaçant fortement et tendrement dans son monde féerique, fait d'une sensualité violente qui secoue et d'un romantisme vénéneux qui fracture l'âme. Une idylle depuis longtemps partagée, quand mon cœur fut perforer par la force du sabot et la beauté du poney blanc (WHITE PONY 2000), il y a déjà vingt ans !

 

D'autres albums d'excellente facture suivirent, mais sans jamais en égaler sa superbe (pour moi). Malheureusement Il y a quatre ans, DEFTONES nous gratifia d'un GORE (2016) faussement carnassier, et plutôt décevant dans sa globalité, qui ne fit aucunement l'unanimité. Sans doute dû aux tensions internes qui grondent sévèrement parfois au sein de l'entité américaine et qui sont bien réelles et reconnues, malgré un line-up stable depuis les balbutiements de leur son (A l’exception du bassiste SERGIO VEGA qui a remplacé de façon impromptue CHI CHENG en 2008 après l’accident dont il est mort tristement quelques années plus tard). Avec la célébration en fanfare de l'anniversaire des vingt ans de l'incontournable WHITE PONY, les fans espéraient peut-être l'annonce d'un nouvel effort qu'ils attendent depuis fort longtemps (sont-ils exigeants?, quatre ans est un délai plus que raisonnable pour la confection d'un nouveau disque et c'est pas leurs potes de TOOL qui diront le contraire). Les malicieux aficionados n'étaient pas loin du compte puisque effectivement les choses se sont mises en place cet été avec une campagne de teasing de premier ordre pour annoncer l'arrivée d'un neuvième album (le dixième en comptant l'œuvre échouée EROS en 2008) au titre intrigant OHMS.

 

Il va de soi qu'en plus de trente ans d'existence et de créations, le groupe et son label maitrisent parfaitement les rouages de la promotion artistique et du teasing. Il faut bien avouer que nos cinq lascars déjantés ont mis le paquet ! Messages secrets sur les réseaux sociaux, affichages "sauvages" dans les rue de L.A, et la révélation aux yeux du monde d'un premier single éponyme "ohms" qui clôture le disque magistralement et qui a été choisi pour mettre l'eau à la bouche à son auditoire. Un clip magnifique à l'esthétique fantastique, guerrier et apocalyptique, dirigé par le très talentueux RAFAEL PEREZ (AKA RAFATOON). Un titre noir à la composition familière mais d'une grande fraîcheur, sans redite, bien au contraire, au riff d'intro à tomber le cul par terre, montrant un CARPENTER étincelant (omniprésent sur OHMS contrairement à son prédécesseur ! ). A voir et écouter juste ici :

De quoi alimenter les ferveurs les plus folles jusqu'à la sortie officielle de OHMS le 25 septembre sur le label REPRISE RECORDS. A l'écoute de cette première chanson, on peut avoir l'espoir d'un band retrouvé, plus soudé, conquérant, ajoutant une nouvelle œuvre de poids dans une carrière déjà d'une richesse abondante. Une neuvième oeuvre annonçant, une nouvelle nuance, de nouvelles couleurs s'ajoutant déjà à celles utilisées dans la vaste palette du quintet. On sort groggy, abasourdi dès la fin de la première écoute, tant tout semble beau et parfait, une sensation d'irréalité. Une créativité artistique et musicale à son paroxysme, couchée sur un lit sonore de toute beauté. Pour la première fois depuis EROS en 2008, les Américains ont retravaillé avec le producteur de leurs quatre premières galettes, TERRY DATE (PRONG, PANTERA, LIMP BIZKIT) avec un résultat des plus probant. Plus organique, presque plantureux, moins éthéré que GORE (2016), mettant à honneur l’inventivité manifeste mais jamais orgueilleuse d’ABE CUNNINGHAM à la batterie, aux neuf cordes (si si) de la guitare de CARPENTER et à la créativité insolente de VEGA. Et ce, toujours en osmose pour servir la création, tous complémentaires, sans que quiconque ne prennent le pas sur l'autre. Si "ohms" détonait par son ouverture majuscule, son aspect ascensionnel et jubilatoire, l'entrée en matière de OHMS ("genesis") se veut plus intimiste, feutrée et planante. Le bourdonnement d'un essaim d'abeilles (clavier), des arpèges noyés d'une mer d'échos, plante langoureusement l'univers cinématographique et fantastique du titre, avant d'être écarté et foudroyé par les riffs écrasants et oppressants de CARPENTER et les hurlements hystériques de MORENO.                  

Très souvent CARPENTER tisse une toile de fond (avec sa guitare) qui permet à la basse de se montrer, de jouer avec l'espace qui lui est accrédité ("headless"), puis sait s'éclipser pour laisser vivre la chanson ("the spell of mathematics"). Quant à CHINO, il marque OHMS de toute sa panoplie stylistique, des hurlements furieux et emprunt de folie, aux murmures plaintifs, à la voix la plus claire et proche de son registre naturel, à celle la plus saturée, voir un mix des deux sur un seul morceau ("this link is dead"). Là où DEFTONES s'est toujours illustré, c'est à créer une cohérence entre une musique à consonance metal, parfois extrême, agrémentée de vapeurs pops cosmiques incitant au dream. La frontière des deux mondes est encore plus brumeuse sur OHMS. Les chansons s'amusent de cette ambiguïté de façon très complexe : "Pompeji" aux reflets vifs et changeants à son commencement, chatoyant à l'apparat superbe et classique, ses mouettes et son final atmosphérique signé FRANK DELGADO, angoissant à la peinture LYNCHIENNE. « Error » avec son introduction grandiose et épique rappelle KOI NO YOKAN (2012) et ses dernières touches galvanisantes). Des morceaux s'enchevêtrant, les uns aux autres, plutôt dans le cœur de l'œuvre (« Error » et « The Spell Of Mathematics », « Pompeji » et « This Link Is Dead »), nous incitant à penser que le disque suit une ligne directrice conceptuelle. Si l'ombre et la lumière se côtoient sur OHMS, la clarté l'emporte largement avec l'impression de victoire écrasante à l'issue d'une lutte acharnée. Il s'en dégage un collectif au firmament, qui s'éclate à partager leur art malgré le temps qui coule au milieu d'une rivière souvent si agitée mais qui ici semble si paisible. Les tensions de toute part sont loin et le douloureux destin oublié. DEFTONES avec OHMS retrouve sa place de géant du rock, toujours aussi polyvalent et à l'aise dans l'obscurité comme dans les rayons ardents de l'astre lumineux. Un presque sans faute, mis à part peut être la pochette …

Tracklist :

1. Genesis

2. Ceremony

3. Urantia

4. Errorr

5. The Spell of Mathematics

6. Pompeji

7. This Link Is Dead

8. Radiant City

9. Headless

10. Ohms

 

LINE-UP

CHINO MORENO – chant, guitare

STEPHEN CARPENTER – guitare

SERGIO VEGA – basse

FRANK DELGADO – clavier, platines

ABE CUNNINGHAM – batterie

 

NOTE: 10/10.

 

PAPABORDG POUR LOUD TV.

Chronique du nouveau DEFTONES "Ohms" Note : 10/10 !

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