CHRONIQUE D’IGORRR : LES TROIS R, CACHENT ILS UN ETRE SURNATUREL?

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Note de la rédaction :
/5

Entre finesse, beauté, exubérance, la violence s’invite avec éloquence.

CHRONIQUE D'IGORRR : LES TROIS R, CACHENT ILS UN ETRE SURNATUREL?

Derrière la montagne IGORRRIENNE se cache un être particulièrement atypique, génial et ultra novateur, osant l’impensable en créant un hybride inattendu fait de NOISE et de BLACK METAL, de DEATH et d’ELECTRO, de TRIP-HOP et de BAROQUE. Un mélange musical inabordable pour le commun des mortels, mais grandement réussi et très efficace pour un être suprême tel que GAUTIER SERRE. Personne ne peut savoir ce que sa créativité divine va engendrer aussi bien artistiquement, qu’émotionnellement, car les voies du seigneur sont impénétrables. Ce qui est sûr, c’est qu’il se moque de toutes sortes de conventions en cultivant l’amour des contrastes et de la différence. Un chef d’orchestre redoutable à la baguette d’une musique intense et devant laquelle on reste rêveur. L’homme toujours en quête d’une folle extravagance s’en nourrit l’âme et le corps pour nous dégurgiter avec violence et spiritualité des œuvres fortes et intemporelles. SAVAGE SINUSOID (2017) ne déroge pas à la règle, qui plus est supporté désormais par un nouveau label américain, le tout puissant METAL BLADE RECORDS.

 

CHRONIQUE D'IGORRR : LES TROIS R, CACHENT ILS UN ETRE SURNATUREL?

Ce sixième hors d’œuvre, SPIRITUALITY AND DISTORTION, valide toujours la démarche de maître GAUTIER SERRE de ne pas figer son art à aucun compromis, refusant catégoriquement l’ennui et la musique d’une seule danse. Comme son prédécesseur, SPIRITUALITY AND DISTORTION, fusionne les éléments électroniques, les guitares saturées et les instruments traditionnels, avec un brio et une ambitieux donnant l’impression de ne pas connaître de limite. Pour satisfaire sa faim de démesure, IGORRR a besoin de s’entourer de nouveaux anges gardien comme le violoniste TIMBA HARRIS, le bassiste MIKE LEON, le pianiste MIKE LEBOFSKY, le joueur d’oud MEHDI HADDAB, l’accordéoniste PIERRE MUSSI, le joueur de kanoun FOTINI KOKKALA, ainsi que le joueur de clavecin BENJAMIN BARDIAUX. Tout en comptant sur une stèle d’étoiles protectrices collaborant déjà avec lui sur ses travaux passés, notamment la nymphe LAURE LEPRUNENEC et le satyre LAURENT LUNOIR. Mais l’être de lumière, SERRE, possède une boite à surprises, qu’il se réserve le droit d’ouvrir à sa guise, sortant du chapeau le growl caverneux et sévère de GEORGE « corpsegrinder » FISHER de CANNIBAL CORPSE (« parpaing », la voix de FISHER cédant à la 8 bits) pour la plus prestigieuse et notable (la surprise), mais la boîte de PANDORE ne se referme jamais totalement pour un tel artiste. Quatorze titres (55m35s) absolument dingues, à la créativité effarante. Un « barroco satani » dont les larmes de la beauté classique se repose sur un métal glaçant, puissant et grandiose. Entre finesse, beauté, exubérance, la violence s’invite avec éloquence.

 

Une alliance magistrale que l’on retrouve également sur « polyphonic rust », ou bien sur le titanesque  « nervous waltz » valsant sur l’inspiration classique et baroque pour dériver vers un black métal agité et secoué par une basse frénétique, slapée, hachée et trafiquée. Quand le classique ne se marie pas avec la puissance de feu du métal, il est supplanté par les desseins orientaux qui inaugure solennellement SPIRITUALITY AND DISTORTION avec « downgrade desert ». Un désert de sons folkloriques créant une ambiance mystique dont les vents se bousculent sur un riff indus et une rythmique massive. Les univers fusionnant grâce aux différentes parties vocales clairs-obscurs mêlant avec une cohérence inégalée les différents styles pratiqués par la bête. Je n’ose qu’à demi mot penser que même IGORRR peut-être inspiré par des saveurs sonores d’autres génies de ce siècle, notamment du suédois CHRISTOFER JOHNSSON de THERION (« hollow tree »).

CHRONIQUE D'IGORRR : LES TROIS R, CACHENT ILS UN ETRE SURNATUREL?
CHRONIQUE D'IGORRR : LES TROIS R, CACHENT ILS UN ETRE SURNATUREL?

Même si les couleurs émotionnelles proposées par le chérubin R sont difficiles à appréhender, tellement déstabilisantes, la création est telle, qu’est ne peut qu’amener respect, stupéfaction et dépendance. Les ténèbres traversent cette œuvre, sa lumière aveuglante n’étant jamais très loin, dépendant l’une de l’autre, coexistant pour le meilleur avec une classe médusante, dont la musique orientale ajoute fantaisie et facétie (« camel dancefloor »). Un chameau sur une piste de danse, est-ce envisageable? Tout l’est pour IGORRR comme une chèvre faisant du kung-fu « kung-fu chèvre » (composition dingue, alternant musique traditionnelle, beats, jazzy, métal sous le regard ahuri d’une chèvre, bêlements en arrière plan) car en plus d’une grande spiritualité et profondeur d’âme, l’être n’est pas dénué d’intelligence et donc d’un grand sens de l’humour. L’humour et la spiritualité semble être la bonne définition pour qualifier le génie de l’homme aux trois R. Car tous ces petits moments délirants et novateurs ne sont pas anecdotiques, bien au contraire, même à côté de morceaux plus ambitieux, comme le tibétain « himalaya massive ritual » et sa fin apocalyptique (couple batterie/guitare frénétique).

 

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La rythmique alambiquée de « very noise » laisse débarquer un ovni rose guimauve dans un clip IRREL et IRRESISTIBLE. Créant même une nouvelle thématique stylistique avec la « maximum musette », du « black musette » : hilarant !!!! IGORRR réussit l’exploit que l’improbable musical devienne commun, ne nous surprenant même plus. Le souvenir d’un seul groupe capable en son temps à faire parfois de tels écarts sonore (dans une moindre mesure), c’est SYSTEM OF A DOWN. Evidemment monsieur GAUTIER ne cache pas sa jouissance à invoquer le métal extrême dans la base musicale de ses créations. On peut s’en délecter tout du long sur SPIRITUALITY AND DISTORTION, avec notamment la parfaite bande son dramatique et épique que pourrait représenter l’époustouflant  « lost in introspection » qui ferait saliver d’envie un DIMMU BORGIR, peut-être incapable aujourd’hui d’un tel niveau.

 

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SPIRITUALITY AND DISTORTION  est comme son prédécesseur un CHEF D’ŒUVRE de la musique contemporaine

SPIRITUALITY AND DISTORTION  est comme son prédécesseur un CHEF D’ŒUVRE de la musique contemporaine, avec peut-être une accentuation des parties musicales traditionnelles avec une véhémence accrue. La démarche artistique d’IGORRR reste néanmoins la même. Satisfaire ses idées les plus farfelues, avec harmonie et cohésion sans y oublier d’y mettre des émotions complexes. Les habitués y trouveront leur compte, s’éclatant sur un monde sans frontières ni barrières. Les néophytes eux adhéreront tout d’abord aux mélodies magnifiques de cette nouvelle œuvre, aux atmosphères sombres où plus joyeuses peu communes. Egalement à la puissance émotionnelle et musicale dégagée par SPIRITUALITY AND DISTORTION. Puis, ils se familiariseront plus tard aux délires les plus loufoques de l’artiste. Alors les trois R cachent ils un être surnaturel ? Un peu oui quand même car sa créature l’est, les deux étant en connexion perpétuelle. Qui fera mieux cette année que SPIRITUALITY AND DISTORTION ? Assurément PERSONNE !!!

 

GAUTIER SERRE et son IGORRR est notre DEVIN TOWNSEND à nous. Un MOZART des temps modernes. Note: POUR CHEF D’ŒUVRE, NOTE ULTIME. 10/10.

IGORRR:
SPIRITUALITY AND DISTORTION. 
PAPABORDG POUR LOUD TV.

GAUTIER SERRE et son IGORRR est notre DEVIN TOWNSEND à nous. Un MOZART des temps modernes.

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