72 SEASONS
Certaines de nos 72 premières saisons, sont la source de nos plus vieux démons. Ceux-ci se cachent parfois, pour ressurgir et en découdre sans qu’on puisse s’y attendre, polluant l’esprit et le corps, finalement à vie. Comme la chair blessée, l’esprit doit lui aussi panser ses blessures, sans pour autant avoir le choix de s’en défaire. Pénibles moments qui souvent s’installent, durent et reste définitivement.
Ainsi, l’alcool ou la drogue servent parfois de palliatif, n’amenant qu’à l’autodestruction et son point de non retour. Pourtant le meilleur exorcisme pour se libérer d’images négatives et souvenirs douloureux, n’est-il pas d’en compter l’histoire?
ENFANCE ET ADOLESCENCE PERTURBEE
Certainement que JAMES HETFIELD a la réponse à cette question, lui qui connut une enfance et adolescence difficile et mouvementée. Sujet auquel il consacra son aura d’artiste, de manière imagée dans « The Unforgiven », l’une des deux ballades devenues ô combien mythiques, et présente, sur le Black Album (METALLICA).
UNE FAILLE PSYCHOLOGIQUE
Une faille psychologique qu’il doit porter, supporter et qui lui colle sûrement encore et toujours à la peau. C’est sans doute pour cela, qu’aujourd’hui il a décidé avec son METALLICA d’en faire une thématique commune aux douze nouveaux titres que le groupe nous propose avec ce 72 SEASONS.
COMPLETEMENT INATTENDU
Effectivement, les FOUR HORSEMEN ont « profité » de la pandémie pour nous donner un successeur à HARDWIRED… TO SELF-DESTRUCT (2016). Une surprise de taille, complètement inattendue et qui s’alloue de la règle établie depuis le polémiste RELOAD (1997), d’une longue attente, cette fois-ci baptisée du chiffre sept. Présage divin?
LUMIERE ETERNELLE
La lumière éternelle (« Lux Æterna »), premier titre dévoilé au grand jour, aux assauts courts, rapides et pêchus, rappelant vaguement les 18 printemps de HETFIELD et de son insouciante folie que fut KILL’EM ALL. Suivi, de ses trois singles bien plus longs et « complexes », mais formant un tout homogène semblaient nous mettre sur la voie…
Soit, d’une future réussite, dont certains ne tariront pas d’éloges. Et d’autres aux réactions épidermiques déclenchant foudre et mécontentements moqueurs et acerbes, car (trop?) attachés à ce que fut le mythe jadis, nostalgiques de ces cinq premières œuvres d’une extrême richesse et beauté.
EVENEMENT PLANETAIRE
Assurément, l’évènement est planétaire, et constitue la meilleure publicité qui soit pour notre ART SUPREME, difficile à saisir pour la personne dite « classique ». METALLICA su en son temps rallier les gens et rompre les préjugés des néophytes (METALLICA (1991). Ce qui est l’apanage de très peu, et des très très grands.
Mais, aujourd’hui, que peut-on attendre de la part du quatuor américain ? Là est la clef, afin d’appréhender dans les meilleurs disposions cette nouvelle œuvre.
Oui, 72 SEASONS est une manifestation colossale de la force d’un mythe, même si il n’implique pas nécessairement chez tous l’excitation, surtout de celle engendrée dans notre jeunesse.
Pourtant 72 SEASONS pourrait se résumer ainsi pour moi :
COEUR FOUGUEUX D’UN VIEUX GUERRIER JUVENILE
Il est vrai, que METALLICA ne se réinvente plus depuis fort longtemps (ST.ANGER (2003). Mais avec 72 SEASONS, il dispose d’une production solide, claire, et où chaque instrument semble jouir d’une urgence palpable et vibrante.
Douze compositions longues (où seul « Lux Æterna“ et « Too Far Gone ? » s’étirent sous les cinq minutes), parfois trop diront la majorité. Mais qui respire le bonheur de jouer, qui groove (la basse est bien audible) et dont l’énergie nous rappelle les jeunes puceaux qu’ils furent à la sortie du terrifiant KILL’EM ALL (1983).
Et là est l’essentiel, non ?
De plus, 72 SEASONS nécessite aussi plusieurs écoutes, si possible au casque, comme tous les albums des californiens, pour voir se révéler quelques pépites bien senties (« Shadows Follow » et son riff tranchant, « Sleepwalk My Life Away » avec son intro de basse vrombissante, « You Must Burn ! » bien Heavy aux relents doom, sur une partie centrale très sabbathienne, le court et addictif « Lux Aeterna », l’enivrant et tubesque « Screaming Suicide », et enfin « Room Of Mirrors » aux facéties rythmiques incessantes), dont l’ambitieux morceau de fin de plus de once minutes « Inamorata ».
Une tirade qui prend corps autour d’un riff pesant et de quelques phrasés mélodiques disséminés ici et là, qui s’écartent naturellement pour faite vivre un apaisement langoureux avant le fameux classique passage NWOBHM pseudo-épique. Les doigts électriques de KIRK HAMMET s’y glissent derrière sur des frasques qui lui sont (excessivement ?) habituelles.
PAS UN ECHEC, NI UNE FRANCHE REUSSITE
72 SEASONS n’est pas un échec, loin de là, ni une totale et franche réussite, c’est certain. Cependant, Il contient encore des morceaux intéressants, juteux, et très entraînants qui feront de beaux dégâts sur scène, et entretiendront toujours la flamme de la légende, même chez ceux les plus réfractaires.
Certes, le groupe s’adonne toujours aux mêmes excès de longueur et certains développements de 72 SEASONS peuvent paraître futiles. Peu importe, METALLICA, n’en a que faire, il peut se permette de faire ce qu’il veut et lui plaît depuis des lustres.
Sa magnificence est telle qu’il n‘a pas besoin d’être original pour créer le buzz et la folie sur les sept continents qui le louent éternellement. Ceux-ci qui agitent avec fougue déjà depuis plusieurs jours les plus belles toiles à l’effigie d’une pochette d’un jaune criard, peu commun et dont on retient à près coup, la singularité certaine.
LINE-UP :
JAMES HETFIELD (CHANT/GUITARE RYTHMIQUE)
KIRK HAMMET (LEAD GUITARE)
ROBERT TRUJILLO (BASSE)
LARS ULRICH (BATTERIE)